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Quel est le poids économique du crime en France ?

La criminalité est dans notre pays une réalité multiforme, dont les revenus se concentrent au sein de certains quartiers très pauvres (notamment dans les cités) et de certaines populations très riches (les bénéficiaires du blanchiment d’argent). Un phénomène qui doit être combattu par la police… mais aussi par les services fiscaux.

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L’économie du crime, et en particulier du crime organisé, est un domaine où circulent beaucoup de rumeurs et de fantasmes. Il faut dire que l’on dispose de peu de sources à ce sujet qui, au reste, renvoient le plus souvent à de simples estimations. Il existe aussi un problème de définition : si tout le monde s’accorde à dire que le racket ou le trafic de drogue sont des activités criminelles, que dire des activités qui profitent aux criminels sans être illégales en tant que telles pour autant ? Par exemple : la location de logements ou de commerces acquis grâce à des revenus illégaux. Les réponses sur ce point varient, même si l’on remarque que la législation et la justice répondent de plus en plus positivement à cette question1.

Malgré toutes ces imprécisions, une réalité fait consensus : l’économie du crime n’est pas une quantité négligeable. Une de ses branches, le trafic de drogue, a même été récemment introduite dans les statistiques économiques officielles. L’INSEE a en effet décidé en 2018 que le commerce illégal de stupéfiants serait entièrement pris en compte dans le calcul du PIB français (les statisticiens de Montrouge ont cependant refusé d’intégrer la prostitution, et ce malgré la demande d’Eurostat, l’institut des statistiques de la Commission européenne). Cette réforme a logiquement entraîné une légère hausse du PIB français.

Notons en outre que les effets de diffusion de l’économie du crime soulèvent d’évidents problèmes sociaux et politiques dans certains territoires. S’ils restent relativement modestes au niveau national, les flux peuvent s’avérer très significatifs au niveau local, voire microlocal. Des phénomènes induits de corruption peuvent contribuer à asseoir des « contre-sociétés » à l’échelle de certains quartiers ou à produire des effets d’incitation très négatifs sur certaines populations. Sans parler des élus de terrain qui, par impuissance ou clientélisme, ferment les yeux sur...