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École « inclusive » : extension du domaine du handicap

Apparue sous les auspices du « droit à l’école pour tous les enfants » et de la « lutte contre les discriminations », qui oserait critiquer l’école inclusive ? Pourtant, la scolarisation des enfants handicapés en milieu ordinaire se fait le plus souvent au service d’un agenda économique et idéologique qui les instrumentalise, tout en dévoyant à la fois les notions de handicap et d’école.

/2023/03/handicap-21


Au nom de l’égalité des droits, la loi du 11 février 2005 rend obligatoire l’accueil des enfants handicapés à l’école la plus proche de leur domicile. L’école dite inclusive, pratiquée de gré à gré depuis les années 1990, est donc officialisée depuis près de vingt ans, vouée à se substituer graduellement aux structures d’accueil spécialisées, désormais déclarées « ségrégatives ». En réalité, ces institutions, peu nombreuses et destinées à se raréfier encore, sont d’un coût trop élevé. La façade éminemment morale de l’école inclusive laisse délibérément dans l’ombre son volet budgétaire, pourtant décisif : selon les chiffres, l’accueil d’un enfant en institut spécialisé revient six à onze fois plus cher qu’une scolarisation « ordinaire » (6300 € par an et par élève en primaire, contre 39 000 à 72 000 € en institution spécialisée). Sur le terrain, quels sont les effets de l’inclusion ? Du point de vue quantitatif, le nombre d’enfants handicapés accueillis à l’école a plus que triplé en vingt ans, passant de 90 000 en 1998-1999 à 361 174 en 2019-2020. Ils représentent aujourd’hui près de 3% de la population scolaire. Les enseignants, ceux du premier degré notamment, n’applaudissent pourtant pas le bilan. En contradiction avec les rapports publiés par leur ministère, qui voit dans l’augmentation du nombre d’enfants handicapés scolarisés le signe du succès, l’état des lieux qu’ils dressent est sans concession, y compris chez ceux que séduisait a priori le principe : l’école inclusive telle qu’elle leur est imposée, disent-ils, est une mascarade et une impasse.


La classe fantôme


Ils décrivent un quotidien accaparé par des enfants dont la prise en charge leur a fait perdre de vue le sens du métier qu’ils ont choisi : changer une poche de stomie, calmer un autiste en crise, surveiller un enfant atteint de la maladie des os de verre, nettoyer les excréments étalés sur les...