Photonis

Entreprise Photonis: vers un "Alstom bis"?

En dépit des promesses de réarmement industriel, le gouvernement est en passe d’autoriser la vente de Photonis, une entreprise française, à un groupe américain. Une décision qui risque d’entamer un peu plus notre souveraineté économique et militaire.

/2020/07/PHOTONIS

En pleine crise sanitaire liée au Covid-19, le président de la République française décrétait avoir changé et entamé une inflexion sur les questions de souverainisme. On pouvait légitimement penser alors que les vieux réflexes de cession d’entreprises stratégiques liées à l’indépendance de la France cesseraient. Cet espoir fut de courte durée, au grand malheur de Photonis.

Cette entreprise est le principal fabricant d’enregistreurs d’optique, notamment de lunettes de vision nocturne pour l’armée française, mais pas seulement. Elle fournit grand nombre d’armées étrangères comme l’armée américaine ou les forces alliées de l’OTAN.

Cette entreprise, fleuron de notre industrie, est sur le point de passer sous pavillon étranger. Le fonds d’investissements Ardian, propriétaire actuel du groupe Photonis, a décidé en septembre 2019 de le mettre en vente. Quelques mois plus tard, l’entreprise américaine Teledyne, elle aussi spécialisée dans la défense, a annoncé souhaiter ardemment racheter le groupe français.

Alors que le gouvernement s’y était opposé au début de l’année 2020, Bercy remet la vente sur la table, faisant fi de l’intérêt stratégique de l’entreprise pour la souveraineté de notre pays. La DRSD (la Direction du renseignement et la sécurité de la Défense), la DGA (la Direction générale de l’armement) et le ministère des Armées préviennent pourtant du risque de cette vente à une puissance étrangère, même si le gouvernement promet des garde-fous pour protéger les données impliquant la sécurité nationale.

L’entreprise Teledyne, quant à elle, promet d’investir des dizaines de milliers d’euros en terres corréziennes. On peut voir ici qu’au sommet de l’Etat, on ne comprend toujours pas que le risque se place plutôt sur la dépendance ou le pillage technologique que sur la vente en elle-même. Le risque majeur, sans faire de procès d’intention à l’entreprise Teledyne, est la destruction pensée et planifiée du tissu industriel dans l’unique but d’éliminer...