Alors que les Français se sont élancés sur la route de vacances en cette période estivale, ils ne tarderont pas à en rencontrer un puis deux, puis dix, tout au long des 20 849 km de routes qui traversent notre pays. Ils dessineront alors des courbes plus ou moins abouties sur ces ronds-points si chers à nos élus locaux. Et parfois, ils en maudiront la prolifération. Ils seraient sans doute également horrifiés, s’ils en connaissaient le coût.

93 % des sondés ne savent pas comment se positionner dans un rond-point

Le rond-point est un art français. Il n’en existe pas moins de 65 000 dans l’hexagone. Soit six fois plus qu’en Allemagne ou dix fois plus qu’aux États-Unis. Mieux encore, la France serait championne du monde de la discipline. Et, sans doute soucieuse de conserver son titre, elle en construirait d’après la Fédération nationale des travaux publics, entre 500 et 800 supplémentaires par an.

Le « carrefour giratoire » est un succès que l’Hexagone doit à Eugène Hénard, architecte et urbaniste français qui l’a créé en 1906, ainsi qu’à la décentralisation de 1983 qui a cédé la compétence d’urbanisme aux maires. La France a réussi l’exploit d’augmenter son parc de rond-point de plus de 50 000 unités depuis 1990.

Mais pourquoi une telle abondance ? Un tel amour pour ces ronds routiers qui pullulent dans les bords de villes, à proximité des grands axes routiers, ou aux abords de ces grandes zones commerciales que chérissent les élus locaux ? Il y a l’aspect sécuritaire en premier lieu. En 2018, un rapport de la Commission européenne estimait que la transformation des carrefours en ronds-points entraînait une baisse de 41 % des accidents de la route.

Un chiffre positif et inespéré, car en mars 2016, une étude commandée par les services de la Prévention routière présentait...