Par Henri de Monvallier.
C’est dans le tome 2 de son célèbre livre L’Obsolescence de l’homme (publié pour la première fois en 1980) que le philosophe allemand Günther Anders (1902-1992) analyse les phénomènes des mass media. Un chapitre entier leur est consacré sous le titre « Le monde comme fantôme et comme matrice. Considérations philosophiques sur la radio et la télévision ». Concernant la télévision, il critique d’emblée la thèse instrumentale qui fait de la télévision quelque chose de neutre dont il faudrait user avec distinction, parcimonie et qui pourrait avoir des bons usages (éducatifs, par exemple). En faisant effraction dans les domiciles, la télévision nous détermine à être, à penser et à agir d’une manière particulière. C’est d’ailleurs ce qui différencie télévision et cinéma : nous nous déplaçons pour aller au cinéma, la télévision vient à nous dans l’intimité de notre maison. Le téléspectateur (qui a acheté son téléviseur) est ainsi une victime passive et consentante de son endoctrinement à domicile : « Il paie pour se vendre. Sa propre servitude, celle-là même qu’il contribue à produire, il doit l’acquérir en l’achetant puisqu’elle est, elle aussi, devenue une marchandise. » En faisant irruption dans le foyer, la télévision modifie la configuration des rapports familiaux, elle remplace la conversation en face à face pour mettre les individus côte à côte et devient le point de fuite vers lequel chacun s’oriente, par exemple en regardant le journal de vingt heures ou une autre émission à table (une pratique très courante comme on le sait). La famille devient fantomatique tandis que la représentation venue de l’extérieur prend toute la place : « La télévision a liquidé le peu de vie communautaire et d’atmosphère familiale qui subsistait dans les pays les plus standardisés. »
De...
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Internet est le terrain de jeu de nombreux sites indépendants d’information, mais aussi de Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft, ces firmes américaines surpuissantes surnommées GAFAM. Quelle société ce mélange de médias pique-bœufs et de géants de la Silicon Valley va-t-il produire ? Un monde meilleur ou le meilleur des mondes ?
Au nom d’une certaine idée de la justice, Edwy Plenel s’est fait une spécialité : publier sur son site Mediapart le contenu d'écoutes téléphoniques. Nombre de médias applaudissent cette violation du secret de l’instruction, France 2 en tête. Au secours, la médiapartisation des esprits est en marche !