Emmanuel Lévinas

Culpabilité et mauvaise conscience de l’Occident : l’influence nocive d’Emmanuel Lévinas

OPINION. Décolonialisme, écologisme, pseudo-antiracisme… Au lieu d’un humanisme réciproque, la dérive masochiste de notre société contemporaine nous entraîne vers une totale aliénation à la figure de l’autre.

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La pensée dite éthique d’Emmanuel Lévinas, philosophe français de renommée internationale, a malheureusement triomphé. Sa philosophie repose pourtant sur une haine morbide du moi — le philosophe reprenant à son compte la formule de Pascal : « Le moi est haïssable. » —, sur un amour inconditionnel et « non concupiscent » pour autrui et surtout sur une « responsabilité totale, qui répond de tous les autres et de tout chez les autres, même de leur responsabilité ». (Éthique et infini)

Le moi, pour Levinas, est coupable des fautes qu’il n’a pas commises. Comme l’a écrit à ce sujet l’un des spécialistes de l’œuvre lévinassienne, le philosophe Rodolphe Calin : « Je suis coupable des fautes qui n’ont pas commencé en moi, accusé au-delà de toute culpabilité mienne, et toujours plus coupable que l’autre… ».

Eh bien, cette pensée névrotique, c’est l’« éthique de la responsabilité pour autrui » selon Lévinas. Mais, Rodolphe Calin a besoin d’ajouter (sans nous convaincre !) que « … cette responsabilité, qui met l’égoïsme à l’envers, ne détruit pas le moi. Au contraire, elle témoigne de la “place centrale” qu’occupe dans l’éthique celui qui pourtant n’est lui-même qu’en se “mettant à la place de l’autre” (prenant sur soi ses fautes et ses souffrances) ».

En effet, Lévinas dit : « La relation interpersonnelle que j’établis avec autrui, je dois l’établir aussi avec les autres hommes (nda : l’autre de l’autre) ; il y a donc nécessité de modérer ce privilège d’autrui ; d’où la justice. » (Éthique et infini) Il n’empêche qu’avant cela, dans le même ouvrage, Lévinas avait réitéré son leitmotiv : « Si je suis seul avec l’autre, je lui dois tout (…) ». Cet amour inconditionnel de l’autre ira jusqu’à faire dire à l’auteur de Totalité et infini : « Je suis responsable des persécutions que je subis. » (Éthique et infini) Le terme de « responsabilité »,...