Éric Zemmour : carnets (sentimentaux) de campagne
CONTRIBUTION / OPINION. Dans son dernier livre Je n'ai pas dit mon dernier mot (Rubempré, 2023), l’ex-prétendant à l’Élysée se dévoile sous un autre jour. Il se montre par ailleurs peu lucide sur les causes de sa défaite, qu’il attribue à des événements extérieurs. Zemmour, un autre candidat des élites ?
Il s’est confié, enfin, dans une suite de son précédent livre. Éric Zemmour se livre, disserte, analyse, psychanalyse ; il alterne entre les registres, livrant tantôt des analyses politiques qui firent sa renommée, tantôt versant dans la petite anecdote dont on aime la finesse et la cruauté, tantôt — et c’est plus surprenant de sa part — dans la psychanalyse, l’émotif, le sentimental.
Chroniqueur, candidat à la présidentielle, écrivain, voilà l’homme Zemmour, qui signe un nouveau livre unique, dont on dévore, il faut le reconnaître, avec voracité les pages et les chroniques. Il dit, sur le plateau de CNews chez Christine Kelly, qu’il avait besoin d’écrire, sans doute comme un exutoire pour digérer un peu de la lourde campagne qui changea son destin. Le météore de 2022 revient sur son aventure ; on le félicitera pour son franc-parler, pour le courage qu’il a d’écrire sans trop de réserve ce qu’il pense.
On regrettera cependant son entêtement, son refus de voir les causes véritables de son échec, qu’il dissimule sur la conjoncture — si seulement Poutine n’avait pas attaqué l’Ukraine ! —, la malchance, l’acharnement des médias à caricaturer sa pensée, la traîtrise de certains — Robert Ménard, ce « Judas de Béziers » —, les reniements des autres — il semble sincèrement regretter que Michel Onfray n’ait pas rallié sa candidature, dans la très jolie chronique qu’il consacre à son débat avec le philosophe. Il était aux portes du second tour. Son coup politique, un moment, a paru réussir, avant sa chute en deux temps. Au soir du 21 avril, il perd une première fois, même si ces 7 % sont une performance plus qu’honorable pour un candidat hors parti, déclaré sur le très tard. La véritable défaite viendra plus tard, lors des législatives, où son mouvement ne parvient à élire aucun député...