Collectivité européenne d’Alsace

La Collectivité européenne d’Alsace et la 4D, renaissance d’un phénix non désiré

OPINION. Le 1er janvier 2021, la Collectivité européenne d’Alsace est née, dans l’indifférence générale, mais surtout sans consentement populaire. Une création administrative déconnectée des réalités locales.

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Revenons au 7 avril 2013. Ce jour-là se tient un référendum local sur la fusion du Haut-Rhin et du Bas-Rhin. Voulu par les élus locaux, son échec est sans appel. Le taux minimum de participation de 50 % requis dans chacun des départements est loin d’être atteint, puisque seuls 35 % des Bas-Rhinois et 37 % des Haut-Rhinois viennent voter. Bien que le « oui » soit majoritaire dans l’ensemble alsacien à 57,65 %, le « non » l’emporte dans le Haut-Rhin à hauteur de 55,74 %. Bref, c’est un double échec, un refus et surtout une abstention record. L’histoire aurait dû s’arrêter là…

Cette volonté de fusion ne date pourtant pas d’hier. Dès 1930, neuf députés alsaciens portaient déjà le projet de réunir les deux départements. Par la suite, les initiatives se sont multipliées sans jamais emporter l’adhésion. En 1983, Henri Goestchy, président du conseil général du Haut-Rhin fait une proposition de fusion non suivie d’effet. En 1994, Daniel Hoeffel, son homologue du Bas-Rhin, reprend cette idée contre l’avis du conseil général de son voisin du sud. En 2002, son successeur Philippe Richert émet un souhait identique, immédiatement contesté par son homologue du Haut-Rhin. Enfin, en 2007, émerge l’idée du référendum tenu en 2013.

Ce chemin semé d’embûches, fait de désaccords entre élus, jamais rendus publics, sur fond de bataille pour savoir quelle ville aurait l’honneur d’accueillir le siège, n’a sans doute pas contribué à la popularisation du projet. Car c’est bien l’impression globale qui se dégage de cette fusion : une idée d’élus incapables de se mettre d’accord, en décalage avec les aspirations populaires…

L’Alsace est en effet moins homogène qu’on ne peut le croire de l’extérieur. Le sentiment d’appartenance à chacune de ses sous-régions reste fort. Le Sundgau est fier de sa spécificité, bien qu’il soit injustement méprisé par le reste de...