Kazakhstan

Une révolution étouffée dans le sang au Kazakhstan

OPINION. Grand comme 5 fois la France, peuplé de près de 19 millions d’habitants et réputé jusque-là très stable, le Kazakhstan fait face depuis la semaine dernière à des émeutes sans précédent depuis son indépendance, acquise de la dislocation de l’URSS en 1991.

/2022/01/Kazakhstan


La montée des prix du gaz GNL, et plus largement de l’essence, de l’électricité, du chauffage et des produits alimentaires face à des salaires restés très bas, précipitent depuis le soir du 2 janvier 2022 les Kazakhstanais (Kazakhs, Russes et diverses autres ethnies) dans la rue. D’abord contenue à l’ouest pétrolifère et gazier, traditionnellement frondeur du pays — Mangystau, Atyrau, Aktau —, domaine de la Petite Horde, la révolte s’est étendue depuis le 5 janvier à l’ensemble du pays avant d’avoir été matée dans le sang à la fin de la semaine dernière. Des émeutes continuent toutefois à se dérouler de manière sporadique dans certains coins reculés du pays.

Désormais, l’« ordre varsovien » règne à Nursultan, à Almaty et dans la plupart des villes du pays. Mais, la situation reste encore très volatile et peut très vite évoluer. Nommé en 2019 par son prédécesseur et mentor Nursultan Nazarbaev, le président Kasym Jomart Tokaev qualifie le peuple en révolte de « terroristes » et de « bandits » et a semblé le 5 janvier perdre le contrôle de la situation dans le pays avant l’arrivée en renforts dès le lendemain des bataillons de ses alliés de l’Organisation du Traité de Sécurité Collective (OTSC). Nazarbaev, resté après sa démission à la tête des services de sécurité du pays afin de continuer à garder une certaine influence, a laissé le 5 janvier cette fonction à son successeur et aurait fui le pays. À l’heure actuelle, la situation reste encore confuse à certains endroits : une partie de l’armée nationale se serait retournée et aurait rejoint le peuple, tandis que la Russie a envoyé dans le cadre de l’OTSC la 31e brigade d’assaut aérien (parachutistes) basée à Ulianovsk pour soutenir le régime et des services de sécurité aux abois, rejointe depuis par d’autres bataillons des États de l’OTSC.

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