À l'approche des élections, Front Populaire se pose une question toute simple: les Français sont-ils convenablement informés ? Difficile de répondre "oui" dans un pays où la majorité des médias est détenue par une poignée de milliardaires, où l'audiovisuel public est noyauté par la gauche morale et où de plus en plus de journalistes se prennent pour des policiers ou des juges. Un numéro pour déjouer les pièges du formatage médiatique.
EDITO. « Presse qui coule me casse les couilles, / Rédacteurs en chef relisez vos papiers / De vos sous-fifres chefs qui cherchent à exister, / À travers l'agression, pas pour l'information », chantait Florent Pagny, amer et fatigué des accusations médiatiques à son encontre. C’était il y a trente ans et rien n’a en vérité changé.
Hébert leur père à (presque) tous. In memoriam Dominique Baudis
L'édito de Michel Onfray.
Sur les médias, sur l'information et sa réciproque, la désinformation, les idées reçues sont légion. Nous dêmelons le vrai du faux sur les plus répendues d'entre elles.
À rebours du discours libéralo-progressiste dominant, Olivier Rey recommande aux enfants nés après l’invention d’internet de cultiver les humanités et de lire encore et toujours des livres pour mieux comprendre notre monde contemporain si complexe.
ENTRETIEN. Dès qu’il a été décidé de consacrer un numéro de Front Populaire aux médias, Michel Onfray et Frank Lanot ont songé à recueillir la parole d’un grand témoin et pensé à Jacques Julliard, éditorialiste à Marianne, chroniqueur au Figaro, ex-syndicaliste, ancien universitaire, auteur d’une quarantaine de livres. Un columnist, comme on dit aux États-Unis. Rencontre avec un faiseur d’opinion.
De Zénon de Citium à Herbert Marcuse en passant par René Descartes et Baruch Spinoza, Robert Redecker nous donne ses clefs de lecture pour comprendre l’emprise toujours plus forte des écrans et pour résister à l’ersatz d’informations qui s’y déverse.
Face au politiquement correct qui règne dans la grande presse, une forme de résistance s’est développée sur les réseaux sociaux et dans certains médias anticonformistes. Ingrid Riocreux se demande si le remède n’est pas parfois aussi dévastateur que le mal qu’il tente de combattre.
L’économiste Frédéric Farah décortique les raisonnements hasardeux tenus dans les grands médias afin de nous convaincre que l’État serait trop dépensier, menacerait les services publics et écraserait les Français d’impôts. Et que l’euro serait la condition sine qua non de la paix et de la prospérité.
ENTRETIEN. À travers leurs enquêtes d’opinion et leurs essais à succès, Jérôme Sainte-Marie et Jérôme Fourquet décrivent une France en train de se recomposer. Et même s’ils ne dressent pas le même constat (Sainte-Marie diagnostiquant l’émergence d’un « bloc élitaire » transpartisan, quand Fourquet observe une « archipélisation » croissante du pays), ils défendent l’un comme l’autre leur métier de sondeur.
Propos recueillis par Jean-Baptiste Roques.
Les programmes de la télévision et de la radio françaises représentent-ils de façon équitable la diversité politique et sociale de notre pays ? Chiffres à l'appui, Bertrand Guyot montre qu'on est loin du compte, y compris sur les chaînes du service public, censées pourtant être exemplaires.
Par Henri de Monvallier.
Michel Iturria, qui dessinait depuis cinquante ans pour Sud-Ouest, vient de démissionner à la suite de désaccords de plus en plus marqués avec la rédaction en chef du journal. À l’occasion de son départ, celui qui est aussi passé par Pilote, Lui, L’Os à moelle et bien d’autres, raconte l’âge d’or du dessin de presse, tragiquement achevé en 2015 dans les locaux de Charlie Hebdo.
La « consolidation du secteur des médias », telle qu’on la nomme dans les milieux financiers, continue de se poursuivre sous nos yeux, toujours plus inexorable. Jacques Sapir décrypte ce phénomène éminemment dangereux pour la démocratie.
Sept milliardaires, pour qui la presse n’est qu’un investissement parmi d’autres, contrôlent la plupart des grands médias français. Même s’ils n’y trouvent pas forcément une source de rentabilité financière, posséder un quotidien national ou une chaîne d’information continue réprésente pour eux un inestimable levier d’influence politique. Phénomène de cour oblige, certains de ces richissimes médiacrates n’ont pas hésité ces dernières années à déclarer publiquement leur flamme à Emmanuel Macron.
Notre contributrice Céline Pina, qui intervient régulièrement dans les médias, s’inquiète de l’ambiance de crise qui s’installe petit à petit dans le secteur, encourageant le travail bâclé et exacerbant l’esprit partisan.
Internet est le terrain de jeu de nombreux sites indépendants d’information, mais aussi de Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft, ces firmes américaines surpuissantes surnommées GAFAM. Quelle société ce mélange de médias pique-bœufs et de géants de la Silicon Valley va-t-il produire ? Un monde meilleur ou le meilleur des mondes ?
Au nom d’une certaine idée de la justice, Edwy Plenel s’est fait une spécialité : publier sur son site Mediapart le contenu d'écoutes téléphoniques. Nombre de médias applaudissent cette violation du secret de l’instruction, France 2 en tête. Au secours, la médiapartisation des esprits est en marche !
Avec la crise de la covid, le grand public a découvert la considérable influence des revues scientifiques, leur intérêt, mais aussi leurs terribles failles. À cet égard, l’affaire du Lancet a marqué tous les esprits. Et pourtant, elle pourrait n’être que l’arbre qui cache la forêt.
Pour l’auteur du fameux blog Stalker, la critique littéraire « autorisée », celle qui nous est dispensée dans les grands médias, passe complètement à côté des écrivains contemporains importants et nous offre le spectacle d’un milieu complètement corrompu par les codes de la pub, le copinage et le nombrilisme.
Il y a une centaine d’années, une poignée de journalistes et d’universitaires américains inventaient les principes de la propagande moderne. Depuis, ils n’ont cessé d’inspirer les régimes autoritaires, les agences de publicité et les community managers.
Incontestablement, le soutien de la presse a été dans le passé utile à certains magistrats pour parer les pressions politiques. Mais aujourd’hui, le pacte qui lie justice et médias a une fonction opérationnelle directement politique.
Désormais bien rodés et remarquablement efficaces, les dispositifs médiatiques d’accusation au service de la cause #Metoo, visant différents « porcs », si possible célèbres, présentent l’étrange particularité de perpétrer jour après jour, et sans que nul n’y trouve semble-t-il à redire, des attentats caractérisés contre l’État de droit démocratique.
Grâce à de puissants relais médiatiques, les partisans de la gestation pour autrui (GPA) bénéficient d’une publicité extrêmement favorable à la télévision. Une propagande d’autant plus efficace qu’elle est déguisée en journalisme.
L’Autrichien Karl Kraus (1874-1936) a été l’un des premiers journalistes de l'Histoire à proposer une critique sans concessions de sa profession et des médias. S’appuyant sur les commentaires du philosophe Jacques Bouveresse, Henri de Monvallier lui rend hommage.
De plus en plus de médias se sont assigné la mission de lutter contre les fake news à l’aide d’un service « vérification des faits ». Sami Biasoni montre la vanité et l’amateurisme qui se cachent derrière les belles déclarations de ces chevaliers blancs de l’information.
Fin connaisseur des questions de géopolitique et de propagande, le président de République souveraine retrace son parcours de chercheur et de praticien de la communication politique. S’il porte un regard critique sur le fonctionnement des médias, il refuse de céder à la tentation du complotisme.
Entretien avec Georges Kuzmanovic
Propos recueillis par Jean-Baptiste Roques
Littérature ou journalisme : c’est une gageure, en apparence, que de vouloir concilier, voire conjuguer, l’écriture d’un livre et la rédaction d’un article. Ici la durée et le temps long, là l’intervention sur le vif. Pourtant, nombreux sont les auteurs qui ont su allier cette double entreprise, être homme de médias et bâtisseur d’une œuvre littéraire.
ANAGRAMME : n. f. du grec anagramma, renversement de lettres. Dans son journal de l’anagramme, l’écrivain Jacques Perry-Salkow, amoureux de la langue française, digne héritier de Georges Perec, nous propose de déconstruire les mots de l’actualité et de les reconstruire pour en révéler le sens caché. Un exercice aussi diffifficile que jubilatoire.
Libéral dans sa conception de l’économie et de la famille, Emmanuel Macron fait en revanche preuve d’une vision ilibérale des médias. Pour lui, l’Etat devrait assurer un contrôle plus serré de la presse, afin de lutter contre les “contre-vérités” et les “fausses informations”. Vous avez dit dérive autoritaire ?