Julian Alaphilippe

Julian Alaphilippe : des HLM au toit du monde

ARTICLE. Ce dimanche, à Imola, Julian Alaphilippe est devenu champion du monde de cyclisme. Une performance exceptionnelle pour cet enfant d’Auvergne qui, parti de rien, tutoie désormais le toit du monde

/2020/09/43769470491_1c750c150a_o

Soudain, Julian Alaphilippe se dresse sur les pédales ! Sur les hauts pourcentages de la côte de Gallisterna, en puncheur, il contre le Polonais Michal Kwiatkowski puis s’arrache pour basculer au sommet avec une quinzaine de secondes d’avance sur ses poursuivants. Le visage marqué d’un rictus qui trahit la douleur intense qui irradie ses jambes en feu, il dévale la pente qui mène au circuit d’Imola, terme de ce parcours et de ces 258 kilomètres de course. Ses poursuivants ne le reprendront pas. Le visage bientôt inondé de larmes, il lève les bras sur la ligne, le corps secoué tel un pantin désarticulé par la joie et la souffrance. Le gamin de Saint-Amand-Montrond et de Montluçon vient, à 28 ans, de remporter le plus prestigieux des paletots, le maillot Arc-en-ciel de champion du Monde, 23 ans après son prédécesseur, Laurent Brochard.

C’est à Saint-Amand-Montrond donc, dans le département du Cher, que commence l’histoire de Julian Alaphilippe. Sa mère est femme au foyer et fait des ménages, tandis que son père, "Jo", 30 ans plus âgé que sa femme, “ est chef d’orchestre, musicien de bal écumant les villes et les villages alentour. Il a même joué une fois en première partie de Johnny Hallyday. En 1998, la famille déménage dans un HLM à Montluçon. Si l’on ne manque de rien de vital, ce n’est pas pour autant qu’on est riche, chez les Alaphilippe. Quant au vélo, on n’y connaît rien et on ne s’y intéresse guère.

C’est à l’âge de 7 ans que le futur champion du monde découvre les joies de la bicyclette. Jo part à Emmaüs lui acheter un vélo d’environ 30 euros. "C’était un vélo très pourri, dix fois trop grand, et pour moi, c'était une Ferrari", raconte Julian au magazine Pédale. Tout comme va l’être...