Maires agressés : des moyens plutôt que des lois
Les maires sont confrontés à une augmentation des violences à leur encontre depuis plusieurs années. Sollicité, le ministère de la justice a décidé d’apporter une réponse : la requalification des insultes en outrage. Une réponse minimaliste.
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“Nous allons suggérer au parquet de retenir cette qualification (ndlr : l’outrage), car le maire qui est insulté, c'est un maire qui, au sens du droit pénal, est un maire outragé". Mercredi 2 septembre, c’est par ces mots que le ministre de la justice, au sortir d'une réunion interministérielle à Matignon consacrée à la violence contre les élus, a répondu aux revendications des maires de France. Une circulaire a également été promise, laquelle devrait comporter d’autres mesures destinées à lutter contre ce phénomène.
Cet été, une vague d'agression des maires a été fortement médiatisée. Souvent en première ligne lors de conflits au sein de leurs municipalités et confrontés à l’impuissance des autorités locales à régler les contentieux, les premiers édiles sont fréquemment soumis à l'agressivité de leurs administrés. Insultes, bousculades, altercations, attaques… "Pour être intervenu sur une nuisance sonore, j'ai été agrippé par la personne qui voulait me casser la gueule, il espérait que je perde mon sang-froid pour passer à l'acte sous couvert de légitime défense", témoigne anonymement un maire, dans un rapport du Sénat sur les agressions des maires, publié le 2 octobre 2019. Les violences provoquent parfois des issues dramatiques comme celle de la mort de Jean-Mathieu Michel, maire de Signes, le 5 août 2019, renversé par une camionnette dont il voulait verbaliser les occupants.
Le rapport du Sénat présente des chiffres édifiants : sur un panel de 3 812 participants interrogés, 92% ont déjà subi des agressions verbales ou bien physiques. Les attaques franchissent parfois la frontière du privé : conjointes insultées, domiciles et biens abimés: “Dégradation de mon véhicule personnel ; impacts de balles sur la vitrine des locaux de mon activité professionnelle ; propos diffamatoires sur internet” rapporte, par exemple, un élu dans ce même rapport sénatorial, lequel regorge de témoignages...