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Aux racines de l'antisionisme : l'instrumentalisation de l'anticolonialisme et de l'antiracisme

Israël, État colonial par excellence ? Cette accusation vient de loin. Dans cet article qui reprend certains développements précédemment publiés dans L’Invention de l’islamo-palestinisme (éd. Odile Jacob, 2025), Pierre-André Taguieff met en lumière les origines de la propagande visant à délégitimer l’État hébreu.

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D’où vient l’antisionisme radical, qui prend la forme d’un projet de destruction de l’État d’Israël ? Pourquoi les antisionistes refusent-ils le principe même d’un « État des juifs » et rêvent-ils d’un « israélicide » ? Est-ce en raison de leur antinationalisme ? Mais alors pourquoi ces ennemis du nationalisme juif qu’est le sionisme acceptent-ils avec enthousiasme l’existence d’autres nationalismes ? Pourquoi sont-ils des défenseurs du nationalisme palestinien et des ennemis déclarés du nationalisme juif ? Si l’on sort du chapeau la « haine des juifs », une haine supposée, sinon « éternelle », du moins inséparable de l’existence même du peuple juif, il faut se lancer dans une explication globale ambitieuse des origines et des métamorphoses des haines antijuives, explication qui bascule inévitablement de l’archéologie, de l’histoire et de l’anthropologie vers la théologie et la mythologie. Les explications par les « discours de haine » n’expliquent rien, elles relèvent de la causalité magique. Ce qui est observable, c’est l’investissement, dans cette religion politique moderne et contemporaine qu’est l’antisionisme, des passions militantes idéologisées que sont des « anti-ismes » tels que l’anticolonialisme, l’antiracisme et l’anti-impérialisme, apparus à la fin du XIXe siècle et au XXe, et entrant le plus souvent en composition dans des catéchismes idéologiques et des programmes d’action dont l’objectif final est l’extermination des ennemis diabolisés. « État colonial » ou « colonialiste », « État d’apartheid » ou « État raciste », « État impérialiste » : tels sont les principaux stéréotypes accusatoires visant Israël qu’on rencontre dans les discours antisionistes, qui construisent « le sioniste » comme un diable polymorphe, incarnant le contretype cauchemardesque par excellence, celui d’un grand comploteur contre le genre humain. C’est cette propagande diabolisante qui constitue le moteur de l’antisionisme exterminateur.


« Israël-apartheid » : l’invention du stéréotype d’un État colonialiste et raciste


On a des raisons de penser que le premier dirigeant « palestinien » à avoir stigmatisé Israël en tant qu’État d’apartheid n’est autre qu’Ahmed Choukairy (né en 1908 au Liban, secrétaire général adjoint de la...

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