Je parle depuis des années d’une France dans laquelle métastase une guerre civile à bas bruit. Pareil diagnostic me vaut de passer pour un homme qui a trahi la gauche, comme si ça n’était pas la gauche qui avait trahi ici comme ailleurs, ou pour un homme qui défend désormais des thèses d’extrême droite ce qui, venant de la part d’une néo-gauche qui invente le nouvel antisémitisme et réussit parfaitement à se rendre digne d’un Édouard Drumont auteur de La France juive, un best-seller de l’époque de l’affaire Dreyfus, ne manque pas de sel ! 

La réputation d’un homme se résume souvent à la somme des malentendus accumulés sur son nom… Une longue vie, une grande œuvre, de nombreux écrits, puis une formule dans laquelle on enferme un nom, et voilà disparue la subtilité du destin, de la vie, de l’œuvre et de la pensée d’un homme. 

   Il en va ainsi pour Averroès dont la vulgate prétend qu’il serait à l’origine de la philosophie des Lumières en Europe ! Rien de moins… France Culture, avec son désormais bien connu esprit d’ouverture, consacre une semaine au philosophe avec une série ainsi présentée : « Qui était-il ? Comment articulait-il raisonnement logique et philosophie ? Croyance et rationalité ? Portrait en quatre émissions de ce penseur qui fut aussi juge et médecin, et l'un des pères de la philosophie occidentale » – l’un des pères de la philosophie occidentale ! Comme on y va dans la maison ronde ! Dans le service public, on ne cache pas son idéologie – ou son inculture, ce qui va souvent de pair… 

   La même France Culture organise des Rencontres d’Averroès qui se proposent de réaliser la liaison entre les deux rives de la Méditerranée, un projet oxymorique… Il existe même un « dispositif Averroès Junior » qui, je cite, « propose des actions d’éducation artistique et culturelle aux...