De Kaboul à Gaza, de Riyad à Tripoli, un même fil rouge relie plus d’un demi-siècle de guerres et d’attentats : la complicité active, souvent dissimulée, entre l’Occident et les forces islamistes qu’il prétend combattre. Des États-Unis à Israël, en passant par les monarchies du Golfe, les puissances occidentales ont, depuis 1945, favorisé les régimes religieux les plus rigoristes contre les mouvements laïcs, nationalistes ou socialistes du monde arabe. En Afghanistan, la CIA a armé les moudjahidines ; en Syrie et en Libye, les capitales de l’OTAN ont soutenu des factions islamistes ; en Palestine, Israël a nourri le Hamas pour affaiblir l’OLP. Des réalités dont il s’agit de tenir compte.

Les victimes du terrorisme : réalité occultée

On se souvient des images : les tours jumelles de Manhattan s’effondrant en direct, le Bataclan à Paris, les cadavres de Nice, la gare d’Atocha à Madrid, le métro de Londres, le musée juif de Bruxelles, Berlin, Manchester… Ces attentats ont traumatisé les opinions publiques occidentales, nourrissant la conviction que l’« islamisme » visait avant tout les sociétés européennes et américaines. Pourtant, cette perception est fausse, ou du moins tronquée : la grande majorité des victimes du terrorisme islamiste sont musulmanes. Selon la Global Terrorism Database (Université du...