La France bat record sur record, mais on peut se demander si ce sont les bons. Ainsi, l’homme et la femme les plus riches du monde sont, pour la première fois dans l’histoire, tous les deux français – il s’agit de Bernard Arnault et de Françoise Bettencourt Meyers – satisfaisant au passage les tenants de la parité. Les entreprises du CAC 40 (principal indice de la Bourse de Paris, déterminé à partir des cours des actions des quarante premières sociétés françaises) réalisent, année après année, des records de bénéfices. En 2022, 38 de ces 40 entreprises ont réalisé un bénéfice net cumulé de 152 milliards d’euros, soit 15 milliards de plus qu’en 2021, où elles avaient déjà établi un record historique, comme en 2020, en 2019, etc.

Les premiers de cordée gravissant quatre à quatre les sommets de la mondialisation, ce « pognon de dingue » de « ceux qui réussissent » devait nécessairement ruisseler sur « ceux qui ne sont rien », d’autant qu’avec la suppression de l’impôt sur la fortune et l’instauration de la flat tax – sans parler de la suppression de la CVAE, la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises, qui a profité principalement aux très grandes entreprises et a entraîné un manque à gagner de près de 17 milliards d’euros pour l’État, à comparer aux 13 milliards que la réforme des retraites est censée lui permettre de récupérer… – les plus riches, bien lotis, devaient avoir quelques miettes à jeter par-dessus leur épaule.

De terribles records

Or, il semblerait qu’il y ait une faille dans la théorie du président de la République, car à l’autre bout de la cordée, il y a également des records, et ils sont glaçants :

- 2,4 millions de Français ont recours quotidiennement aux banques alimentaires, soit trois fois plus qu’en 2017 ; parmi eux, beaucoup de jeunes,...