Quand saint Paul parcourt le bassin méditerranéen, il invite à créer un « Homme Nouveau ». Il s’agit pour lui d’en finir avec l’homme ancien, celui du paganisme gréco-romain, au profit d’un homme judéo-chrétien appelé à permettre, comme promis par le Fils de Dieu, le retour du Christ sur terre, la Parousie, du vivant de ceux qui ont entendu la prophétie, c’est-à-dire avant la fin du premier siècle. Jésus n’est toujours pas revenu, c’est l’empereur Constantin qui est advenu. Il s’en est suivi moins le règne de Dieu sur terre que, sur terre, un règne imposé au nom de Dieu. Voici les linéaments de la généalogie de la civilisation judéo-chrétienne.

Cet Homme Nouveau a repris du service au XVIIIe siècle chez les penseurs dits, peut-être un peu vite et de façon mécanique, des Lumières. Ainsi, Maupertuis, Diderot, Condorcet, l’abbé Grégoire ont rêvé « régénération », haras humains, chimères obtenues par des copulations de singes mâles et de femmes, personnel de domesticité créé avec l’aide de cet eugénisme progressiste. S’agit-il là de philosophie des Lumières ?

Les Jacobins de la Révolution française se sont fait le bras armé de cette idéologie de la régénération et de l’Homme Nouveau. La chose était simple comme bonjour : guillotine pour les aristocrates et leurs familles, guillotine pour les membres du clergé, guillotine pour les suspects coupables non pas de n’avoir pas été révolutionnaires mais de n’y avoir pas montré assez de zèle, un critère, disons, à la tête du client… Ajoutons à cela le génocide en Vendée, dont on sait désormais qu’il a bien existé et été commandité par Robespierre et les siens (1).

N’oublions pas non plus cette terrible expérimentation in vivo, à la prison du Temple, pendant presque trois années, sur le corps du petit Louis XVII maltraité, insulté, méprisé, torturé, martyrisé, supplicié, frappé entre le 13 août...