L’histoire de la Révolution française apparaît souvent comme un grand patchwork de lieux communs, une fois à droite, merci Burke, une fois à gauche, merci Michelet, et ceci empêche qu’on puisse dire ce qu’il en fut véritablement. Sur ce sujet, Nietzsche écrivait que le commentaire avait fait disparaître le texte.

Que Robespierre passe pour l’Incorruptible ayant œuvré pour le bien du peuple, va mal avec le fait que ledit peuple crevait de faim trois ans après le 14 juillet 1789 et que la proclamation de la liberté, de l’égalité et de la fraternité ne lui apportait ni savon pour se laver, ni chandelles pour s’éclairer, ni lait pour nourrir ses enfants et que ceux qui l’ont fait savoir, les Enragés dont on parle hélas si peu, sont envoyés à l’échafaud par le fameux Robespierre.

Que la Vendée ne fût pas qu’une aventure monarchiste et catholique mais d’abord le soulèvement de paysans rebelles au fait qu’on les arrache à leurs terres, à leurs champs, à leurs moissons pour aller faire la guerre en Europe au nom de principes dont ils n’avaient rien à faire, voilà qui gêne quand il s’agit d’opposer les bons républicains humanistes aux méchants contre-révolutionnaires calotins. Passons sous silence, en plus, le fait que les jacobins aient planifié le génocide d’une grande partie du peuple vendéen coupable d’avoir manqué de zèle républicain et qu’il n’y manquait ni le gaz ni le four crématoire – qu’on lise l’Histoire de la Révolution française de Louis Blanc qui était pourtant robespierriste !

On pourrait continuer ainsi en égrenant les bonnes raisons de débarrasser cette période de notre histoire des images d’Épinal qui l’encombrent car une grande partie du schéma politique contemporain, ne serait-ce que la dialectique droite-gauche, se trouve constituée par ce que je nomme le logiciel jacobin.

Dans ce logiciel, on...