Et B.-H.L. ? Que faisait-il en mai 68 et au début des années 1970 ? Rien, si l’on en croit sa notice Wikipédia. Il se contente d’être reçu huitième à l’agrégation de philosophie en 1971. Il faut ouvrir le chapitre IV de sa biographie non autorisée écrite par le regretté Philippe Cohen et parue il y a une vingtaine d’années pour avoir quelques éléments sur le sujet (1). « En mai 68, il a fait l’impasse sur les barricades, trop occupé à bûcher le concours d’entrée de la rue d’Ulm (il était même de ceux qui ont fait pression sur les autorités de l’École normale supérieure pour que le concours ait lieu malgré les “événements” (2)). » Deux mois plus tard, il approuvera l’intervention des chars russes en Tchécoslovaquie, comme il l’avouera lui-même au cours d’une interview de jeunesse : « J’ai été pour ! Ils venaient pour écraser la contre-révolution (3). » Après, il faut être honnête, le jeune B.-H.L. se tient plutôt à distance de l’effervescence gauchiste et, même s’il côtoie certains de ses acteurs (il faut dire que Normale Sup sera « la base rouge du maoïsme »), il reste un observateur sceptique, relativement hors-champ. 

Selon son biographe, il se sentirait coupable d’avoir « raté » mai 68. Lors d’une de ses premières apparitions télévisées en 1977, il prononcera néanmoins (par compensation rétrospective ?) cette phrase étonnante : « J’avais 20 ans en 1968 et je tiens, aujourd’hui comme hier, l’épopée maoïste comme une des plus grandes pages de la récente histoire de France (4). » 

Mao or not Mao ?

L’idée est claire et d’autant plus claire qu’on la trouve également dans La Barbarie à visage humain (1977) : « Je précise, pour la vérité de l’Histoire, que je n’ai jamais été, moi-même, directement mêlé à l’aventure maoïste. Mais que je la tenais, et la tiens encore aujourd’hui, pour une des très grandes pages de...