Trump a attendu d’avoir été élu pour abattre son jeu impérialiste. Certes, il n’avait caché à personne son intention de rendre l’Amérique à nouveau grande – le fameux Make America Great Again, ramassé dans l’acronyme MAGA floqué sur une casquette rouge. Mais grande comment ? Pour quoi faire ? Et qui satisfaire ?

Ces questions majeures pour l’avenir de l’humanité surgissent après qu’il a été porté au pouvoir dans un incontestable raz-de-marée électoral qui a stoppé toute velléité de pinaillage en provenance du parti démocrate. Convenons qu’il ne fut jamais question en amont de l’élection de proposer ce programme ouvertement impérialiste.

La Grande Amérique voulue par Trump est donc l’Amérique la plus agressivement impérialiste qui soit puisqu’il est question, pour commencer, de vassaliser le canal de Panama, le Canada tout entier et le Groenland. En attendant la suite, qui ne saurait manquer d’advenir au prétexte que cette suzeraineté, tentée avec la France après le 6 juin 1944, serait bonne pour la sécurité de l’Amérique.

Il est dans le cœur nucléaire des États-Unis d’être impérialiste (1). Quand le May Flower accoste sur les côtes américaines, le 21 novembre 1620, il initie sa conquête par le génocide des Indiens. Viendront ensuite les temps d’annexion, d’achats ou de guerre qui permettront à l’Amérique de se construire petit à petit. Trump reprend le flambeau des calvinistes venus d’Europe au XVIIe siècle. L’histoire américaine continue et l’histoire de ce pays, c’est l’histoire du monde.

Pour se constituer telle qu’elle est, l’Amérique a mené nombre de guerres de conquête de pays souverains et indépendants au nom d’un messianisme biblique. Elle prétend à « une destinée manifeste » en vertu de laquelle Dieu aurait confié aux Anglo-Saxons arrivés sur le sol américain la mission de travailler à l’expansion de leur territoire, de leur espace vital disaient les nazis, afin d’accroître la liberté, dont celle...