À côté du mai 68 gauchiste, il y a eu un mai 68 de droite. Succédant à la génération Algérie française, c’est le groupe Occident qui tient le haut du pavé. Des garçons qui manient la barre de fer, qui hurlent : « Tuez les communistes partout où ils se trouvent ! », avant de s’assagir et de devenir des députés et des ministres de centre droit à la fin du siècle. Il faut se mettre quelques instants dans la tête d’un jeune homme de droite qui entre à la fac au milieu des années 60. Le communisme y est devenu hégémonique. « À l’époque, il faut voir ce qu’était l’université (…). L’université est complètement colonisée, il y a toutes les variétés de communistes, gauchistes, trotskystes, maoïstes, anarchistes. Il n’y a que ça qui a le droit de cité dans l’université », expliquait, au début des années 2000, William Abitbol, devenu entre-temps conseiller de Charles Pasqua. « J’ai été animé par un anticommunisme militant, extrême et passionné, qui a accompagné une bonne partie de ma vie d’étudiant. Et comme à ce moment-là, la France de l’anticommunisme était marginalisée, nous avons été systématiquement confinés à l’extrême droite. En face, ils étaient pour Mao et Pol Pot, pour les Gardes rouges et pour les Khmers rouges. Je ne regrette pas de ne pas avoir choisi ce camp-là », précisa plus tard Alain Madelin. L’UJP, le mouvement des jeunes gaullistes, a beau promettre « la révolution » sur ses affiches psychédéliques, en 1968, à droite, pour avoir des frissons, il fallait être à Occident. Une extrême droite qui a à peu près fait le deuil de l’Algérie française, qui communie davantage dans l’anticommunisme que dans les écrits datés de Maurras et Barrès. Un anticommunisme qui les fait pencher vers l’atlantisme.

Chevaliers de la barre… de fer !

Les jeunes gens aiment bien se balader...