À côté et en appui de son opération militaire spéciale en Ukraine, Vladimir Poutine a lancé une offensive tous azimuts pour rallier le plus de pays à sa croisade contre l’hégémonie de Washington. Autant la conquête de l’Ukraine paraît compromise, autant la contestation du système de sécurité mondial américain n’est pas si mal partie.

La mondialisation est surtout une américanisation. Les États qui se sont ouverts aux échanges de capitaux et de marchandises se sont placés sous la protection d’une double police d’assurance fournie par les Américains. La première police d’assurance est offerte par l’US Navy, qui sécurise les voies de communication maritimes du globe. Sans cette garantie, pas de commerce au long cours. Les conteneurs des multinationales ont besoin des porte-avions américains pour surveiller les détroits. Ces mêmes porte-avions qui défendent les monarchies du golfe en échange d’un pétrole bon marché.

La seconde police d’assurance américaine est liée à la relative stabilité du dollar, monnaie internationale de référence. Les billets de l’oncle Sam sont puissants car les « protégés » des États-Unis ne vont sûrement pas s’aviser de contester leur prééminence. De même, les États-Unis peuvent vivre très au-dessus de leurs moyens et notamment financer de faramineuses dépenses d’armement grâce à leurs clients et débiteurs qui défendent à leur place cette devise. Le secrétaire américain au Trésor du président Richard Nixon, John Connally, ne disait-il pas : « Le dollar est notre monnaie, mais c’est votre problème » ?

Ajoutons que ces deux polices d’assurance américaines s’appuient l’une sur l’autre. Tant que les États-Unis sont riches, ils sont puissants et tant qu’ils impressionnent, ils fascinent. Le fameux soft power, le pouvoir d’influence culturelle qui permet à Hollywood de peupler les rêves des Terriens avec des héros et des valeurs made in USA, offre à Washington un considérable appui marketing et publicitaire. C’est l’assurance du système,...