Autrefois, les édifices ravagés par un incendie étaient souvent reconstruits par les contemporains selon le style de leur époque. Beaucoup d’églises gothiques sont ainsi érigées sur les vestiges d’églises romanes. Cependant, l’incendie de Notre-Dame a provoqué une réaction inattendue. Contre l’avis des pouvoirs publics et du clergé, l’opinion publique a manifesté sa volonté de reconstruire la cathédrale à l’identique. C’est ainsi que la flèche a été reproduite selon les dessins de Viollet-le-Duc. Par ailleurs, alors qu’il fut un temps question d’y intégrer un centre commercial souterrain, comme au Louvre, le parvis sera finalement cerné d’un parc. Les Français ont donc fait part de leur attachement à la tradition incarnée par Notre-Dame. Pour autant, la tradition ne doit pas être synonyme de muséification. Il s’agit plutôt d’une volonté de continuité : on préserve les plus belles œuvres du passé, mais aussi l’artisanat qui permet de restaurer ces chefs-d'œuvre et d’en créer de nouveaux. Ces corps de métier (vitraillistes, cordistes, charpentiers, dinandiers, etc.) dont on pensait certains disparus, ont permis la transmission du savoir nécessaire pour entretenir un patrimoine précieux. Alors que la France perd de l’influence sur la scène internationale, elle rappelle au monde qu’elle défend une idée de la beauté depuis des siècles. Celle-ci semble intemporelle parce que des artisans œuvrent pour la préserver ; leur talent force l’admiration après cinq ans de chantier.

Le clergé français s’inscrit dans une longue tradition de mécénat artistique à travers la construction d’édifices religieux. En investissant dans l'architecture, la sculpture et la peinture, le clergé encourage la création au service de l’évangélisation. Les églises sont conçues comme des écrins pour accueillir les fidèles et fortifier leur foi. L’histoire de l’art français se lit à travers les églises du pays : l’art paléochrétien et l’art d’inspiration byzantine, plus tard l’art roman et l’art gothique, initié par l’abbé...