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Affaire Lalanne : « Parler d’une forme de dictature n’est pas complètement absurde »

ENTRETIEN. Chanteur bien connu et militant écolo-populiste acquis aux Gilets jaunes, Francis Lalanne a publié ce week-end une tribune sur FranceSoir dans laquelle il appelle l’armée à renverser Emmanuel Macron et à le juger pour haute trahison. Décryptage juridique et judiciaire avec Régis de Castelnau.

/2021/01/Lalanne, Macron, armée, coup d'Etat, dictature

Front Populaire : Dans sa longue tribune, Francis Lalanne parle à la fois de tyrannie, de dictature et de totalitarisme. Ces trois notions souvent confondues sont pourtant différentes. Selon vous, l’une d’elle peut-elle être invoquée contre Macron ?

Régis de Castelnau : Je crois nécessaire de dire au préalable que la longue tribune de Francis Lalanne est un joli fouillis. Il avance des faits difficilement contestables concernant la gestion de la pandémie par le pouvoir exécutif d’Emmanuel Macron depuis un an, mais il le fait en utilisant un jargon juridique complètement inapproprié, et en en tirant des conséquences inapplicables. Pour le dire plus crûment, ce texte n’est ni fait ni à faire et relève des foucades auxquels cet artiste nous a déjà habitués. Tyrannie, dictature et totalitarisme sont des concepts dont vous avez raison de dire qu’ils ne se recouvrent pas. En tout cas, ils ne sont pas des concepts juridiques et ne peuvent donc pas être invoqués juridiquement contre Emmanuel Macron. Ils permettent, pour en tirer des conséquences politiques, de qualifier dans le langage courant des systèmes d’exercice du pouvoir. Alors, celui d’Emmanuel Macron est-il une tyrannie ? Quoi que l’on puisse penser de la façon dont celui-ci est arrivé au pouvoir et l’exerce, ce ne serait pas sérieux de le prétendre. Le concept de totalitarisme popularisé par la philosophe Hannah Harendt qui renvoie à un mode d’organisation sociale complètement intégrée ne peut pas non plus s’appliquer au fonctionnement actuel de notre république. En revanche le terme de dictature pourrait d’une certaine façon être invoqué, puisqu’incontestablement le mode d’exercice du pouvoir par Emmanuel Macron pose de sérieux problèmes. Aujourd’hui le pouvoir exécutif a absorbé le législatif incarné par une Assemblée nationale devenue chambre d’enregistrement des décisions du président de la République. Ensuite, la justice s’est mise complètement à son service. Et enfin...