Laurent Joffrin, médecin palliatif de la social-démocratie
ARTICLE. En lançant « Le Journal », l’ancien directeur de Libération espère bien donner un second souffle à une gauche sociale et réformiste qui a disparu des urnes. Avec une ligne éditoriale d'équilibriste, le journaliste s’entête à vouloir ressusciter cette deuxième gauche tout en pourfendant les populismes de tous bords.
« On peut être de gauche et avoir une bonne droite. » Voilà la promesse du nouveau média lancé par Laurent Joffrin, sobrement baptisé : « Le Journal ». L’aventure politique du journaliste aura donc été courte. Son mouvement « Les Engagé.e.s » — depuis renommé « Engageons-nous », signe d’un malaise patent vis-à-vis de l’écriture inclusive et de l’idéologie woke en embuscade — se voulant être un « laboratoire pour la sociale-démocratie » n’a abouti à rien de bien concret depuis son lancement en juillet 2020. Tel le mythe de Sisyphe, l’ancien directeur de Libé est reparti à l'assaut en lançant, mercredi dernier, un média d’opinion en ligne pour faire ressusciter cette gauche… qu’il a pourtant contribué à faire disparaître.
Un train de retard
Au micro d’Europe 1, Laurent Joffrin reproche à « la gauche » d’avoir « perdu sa boussole » en obéissant « platement aux oukases de la France insoumise. La gauche est en train de s'enfermer dans la radicalité et il faut donc en sortir. » Dans un entretien au Point, il pointe notamment du doigt Jean-Luc Mélenchon, lorsqu’il affirme que « la police tue ». Dépassé par les événements, le journaliste déplore le fait que « les notions de République, de laïcité ou encore du primat de la raison [qui] viennent toutes de la gauche [...] ont été abandonnées »....