Le jardin ouvrier
Les jardins ouvriers nous parlent d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. Pourtant, ils correspondent totalement aux aspirations de citadins en mal de potagers, prônant les circuits courts et le retour à une simplicité que la société de consommation se fait un malin plaisir à rendre impossible. Souvenirs d’une abonnée.
Que de bons souvenirs lorsque j'allais passer deux ou trois jours chez mes grands-parents qui au contraire de moi, vivaient en ville. Mon grand-père louait une parcelle dans un jardin ouvrier et j'allais avec lui, à pied et main dans la main, passer quelques heures dans cette mini nature. C'était un jardin extraordinaire pour moi, bien différent de celui de mon père car plus animé du fait du voisinage d’autres jardiniers, ombragé grâce aux arbres fruitiers, disposant d'une cabane en bois pour ranger les outils , une table et des chaises. Une cabane comme celle de Robinson Crusoé ! Elle sentait bon la terre et l'herbe sèche ; elle sentait bon aussi lorsque nous y pique-niquions d'un morceau de saucisson, de pâté et de fromage accompagnés par les prunes ou les pêches de vigne de ce jardin quand c'était la saison.
C'était le jardin secret de mon grand-père vu que ma grand-mère n'y mettait jamais les pieds préférant le confort de son canapé à celui des tabourets en bois du potager ; il y allait tous les jours quelle que soit la saison ou la météo ce qui lui permettait pour un temps d’échapper à « l’adjudante » grand-mère. C'était son havre, son port, sa petite île où il retrouvait les amis, jardiniers comme lui. Ils parlaient de leur culture, s'échangeaient des graines, des plants, des conseils et des verres de vin frais ; parfois dans une allée commune ils y jouaient aux boules. Il y avait aussi des enfants qui accompagnaient leurs parents dans cette petite oasis de ville, tout heureux de sortir de l'appartement souvent trop petit et étouffant l’été. A la belle saison, pour ne pas salir leurs vêtements, ils se retrouvaient souvent en culotte ce qui leur donnait encore plus l’impression d’être libres.
C'était l'époque où la télévision ne...