Misère de la Marne
Il faudrait parler de la misère de la Marne comme Camus parlait de celle de la Kabylie, terre arriérée des arriérés d’Algérie et que tous méprisaient en minimisant leur détresse, alors que certains s’imaginent que la Champagne est un pays mondain et florissant parce qu’on y produit le nectar de Dom Pérignon.
Pascal Jan, un chercheur en droit constitutionnel, avait écrit une tribune parue dans Libération en 2013. Voici ce qu’il y dit : « Changer de Constitution, pourquoi ? Substituer une Constitution à une autre dans une démocratie obéit toujours à une faillite d’un système constitutionnel réduit à l’impuissance décisionnelle, à l’instabilité gouvernementale, voire une crise de légitimité des pouvoirs, aux multiples contours. Rien de tel en 2013. » La tribune date de la période calme et tranquille des premières années Hollande. Ni Mohamed Merah, ni les frères Kouachi, ni les attentats contre Charlie Hebdo, ni du Bataclan, n’étaient encore entrés dans l’histoire. La France ne se préoccupait pas alors de tout ce qui permettrait à ces tragédies de se réaliser, mais de penser l’homosexualité du mariage civil. L’extravagance de Frigide Barjot, l’hystérie de Christine Boutin, face à la calme certitude de Taubira laissaient croire le socialisme de gouvernement encore capable de quelque grandeur. Tout cela, c’était avant l’ignoble parjure de Valls, avant les lois El-Khomri, avant Vallaud-Belkacem et la destruction du collège, avant le suicide de Hollande, avant l’humiliation de Sarkozy, l’agonie de Juppé, avant la chute si héroïcomique de Fillon, avant l’élection de Macron, avant les Gilets-Jaunes, l’épidémie mondiale, le tombereau et la claquemure, avant l’égorgement du baccalauréat et la mort de l’instruction, avant les conséquences, avant le gouffre, avant le temps confiné et éclaté en volcans de masques jetables retombés sur la terre. Aux conditions nécessaires du changement de Constitution imposées par Pascal Jan, qui peut dire encore aujourd’hui sans douter : Rien de tel en 2020 ?
La rentrée scolaire est à peine passée, et déjà l’on referme des écoles, déjà l’on se re barricade dans les maisons. Moi qui vis dans le bordelais, une ancienne camarade de promotion, que j’aime comme une sœur, et qui enseigne au lycée dans le...