Talleyrand: tout, sauf l’indifférence
HISTOIRE. Admiré ou haï, Charles Maurice de Talleyrand - Périgord figure au panthéon des personnages français clivants, aux usages politiques déconcertants. Personnage à la fois brillant et cynique, quintessence de l’art de la diplomatie, que n’aurait pas renié Machiavel, y aurait-il en lui une part de génie français ?
Aimé ou détesté, admiré ou haï, Charles Maurice de Talleyrand - Périgord entre dans le paysage des illustres personnages français clivants, aux usages politiques déconcertants, assurant la division entre ceux qui l’honnissent et ses partisans indéfectibles.
C’est en février 1754 qu’un petit garçon nait sous le règne de Louis XV « Le bien-aimé », dans une France traversant une grande période d’instabilité, et dans un monde alors focalisé sur les colonies. Il est affublé d’un pied-bot, (dont l’origine prête encore à controverse), qui lui vaut de devenir le « vilain petit canard » de sa famille. Dans le regard de ses parents, il est juste un petit « diable boiteux », infirme, qui ne mérite pas la même attention que ses deux frères, et qui provoque la déchéance de son droit d’ainesse.
C’est très certainement de ce fardeau honteux que Talleyrand tire finalement, toute sa force. Il la transforme en audace afin de ne jamais perdre la face tout au long de sa vie, en une capacité à encaisser tous les coups pour mieux les redistribuer, en une affirmation non comme un homme harnaché d’une attelle lourde et hideuse, mais comme un fabuleux diplomate survolant avec légèreté et vision pour la France, une époque aux multiples régimes.
Une vie au service de la France.
Talleyrand, l’évêque.
A défaut d’embrasser une carrière militaire, sa famille l’oriente vers un engagement ecclésiastique. En tant qu’agent général du clergé, il administre la fortune de l’église et sera nommé Évêque d’Autun en 1788. D’aucuns le dépeindront comme un agent général modèle, travailleur et ambitieux, obéissant à des principes moraux ; quand d’autres dresseront de lui ce portrait peu flatteur d’un paresseux, frivole et joueur... Il déteste être évêque et ne dira la messe que sept fois. Ce n’était donc pas là sa vocation.
« Les mécontents, ce sont des pauvres qui réfléchissent&nbs...