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Christophe Brossard : « Les outils technologiques d’une neuro-dictature sont déjà disponibles »

ENTRETIEN. Christophe Brossard est entrepreneur dans les technologies digitales. Citoyen alerte, il réalise depuis de nombreuses années une veille constante sur le monde numérique. Nous l’avons interrogé sur l’influence des technologies numériques sur la vie politique.

/2021/01/Neuro-dictature, big data, cambridge analytica, vie privée, élections

Front Populaire : On sait que les technologies numériques sont utilisées comme outils d’influence dans le cadre d’élections présidentielles, notamment celles de Trump et Macron. Pouvez-vous revenir sur les outils et les méthodes utilisées (Cambridge Analytica…) ?

Christophe Brossard : L’affaire Cambridge Analytica est avant tout le révélateur médiatique de nouvelles techniques de propagandes politiques possiblement utilisées par d’autres géants de l’internet tel que Facebook, Twitter, Palantir, CIA, NSA. La fusion entre les sciences du traitement statistique des mégadonnées (big data) et les sciences sociales, plus particulièrement la psychométrie (la mesure quantitative des différents aspects de la psychologie humaine), permet depuis quelques années de faire du micro-profilage politique en analysant la vie numérique d’un individu même si celui-ci n’a aucune activité politique. En analysant simplement vos « LIKE » ou les sites internet que vous parcourez, il est possible pour certaines entreprises qui collectent précieusement ce type de données de dresser un portrait psychologique et politique relativement précis de votre personne. A partir de ce portrait une organisation politisée pourra vous adresser sous forme de publicité, plus ou moins repérable, des messages finement ciblés, éventuellement rédigés individuellement par une intelligence artificielle, qui vous encourageront à voter pour untel ou à détester son adversaire pour lequel vous auriez été enclin à voter. Si cette organisation est elle-même propriétaire de son propre réseau social fréquenté par des milliards d’utilisateurs, elle pourra via ses algorithmes gardés secrets, amoindrir la propagation des idées politiques qui déplaisent à son dirigeant, censurer ou bannir des utilisateurs qui pensent mal ou même censurer le discours d’un président dans l’exercice de ses fonctions.

FP : La société américaine Palantir – qui est toujours utilisée par la DGSI - n’a-t-elle pas été associée au scandale Cambrige Analytica ?

CB : Si Cambridge Analytica avait travaillé pour Hillary Clinton ou pour une marque de boisson gazeuse,...

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