« Je mesure la chance d’hériter d’un tel bilan. » Ces mots du nouveau ministre de l’Économie, Antoine Armand, à l’endroit de son prédécesseur, Bruno Le Maire, lors de la passation de pouvoirs à Bercy, ont de quoi provoquer un rire jaune. Car en plus des 1 000 milliards d’euros de dette supplémentaire, l’ancien locataire pourrait laisser un autre gros fardeau, celui de la difficulté à réindustrialiser le pays. Lors de son discours à Sandouville, le 29 mars dernier, Bruno Le Maire fanfaronnait pourtant sur ses résultats en matière de réindustrialisation, « une bataille que nous sommes en train de gagner », s’exclamait-il. Mais la réalité est moins optimiste.

D’après les derniers relevés du cabinet Trendeo dévoilés ce dimanche, basés sur les annonces dans la presse, il y a eu plus d’usines fermées entre les mois d’avril et d’août dernier que d’usines ouvertes. La France a perdu 10 sites au total, résultat de 37 ouvertures et de 47 fermetures sur la période. Ce solde négatif est inédit depuis le premier semestre de l’année 2021. Ces résultats amorcent le début d’une période compliquée pour les ouvertures de sites industriels, qui a commencé dès le début d’année en réalité. Sur les six premiers mois de cette année, on observe en effet un tassement des créations nettes d’usines en France relativement aux années précédentes, avec 18 sites ouverts, soit 30% de moins que l’an dernier sur la même période.

Emploi industriel, solde bientôt négatif ?

Qui dit moins d’usines ouvertes, dit également moins d’emplois. Même si 9 597 emplois ont été créés dans la « production industrielle » de janvier à août 2024, cela reste le plus faible solde net depuis 2020 – la crise sanitaire avait alors provoqué la destruction de plus de 15 000 emplois cette année-là. L’industrie française avait alors su rebondir en créant plus de 17.000 emplois en...