Le Français Ubisoft bientôt sous pavillon chinois ?
ARTICLE. En pleine crise sociale, Ubisoft, le dernier grand studio de jeux vidéo français, pourrait être prochainement racheté par le Chinois Tencent. Un coup dur porté à la souveraineté culturelle française.
L’humeur est maussade chez Ubisoft. Jeudi dernier, les salariés du groupe étaient appelés par le Syndicat des travailleurs du jeu vidéo (STJV) à se joindre à la journée d’action de la CGT contre les plans de licenciements, qui concernent tout le secteur. Sur la table des revendications figurait également la fin du 100% télétravail, souhaitée par la direction – d’après un sondage de l’intersyndicale, un quart des 200 salariés d’Ubisoft Paris envisageraient de claquer la porte si la décision était appliquée –, mais aussi une autre inquiétude, celle de l’avenir de l’entreprise.
Et les rumeurs qui courent depuis plusieurs semaines ont été confirmées par Reuters le 9 décembre dernier : la famille fondatrice Guillemot est bien en discussions avec le géant chinois Tencent, qui envisage de racheter Ubisoft. Une nouvelle qui a relancé la valeur boursière du titre, qui avait fondu à son plus bas niveau depuis dix ans. Il faut dire que l’éditeur de jeux vidéo accumule les échecs commerciaux (Skull and Bones, Star Wars Outlaws, XDefiant…), les accusations de management toxique et les tensions sociales sur la question du télétravail. La firme française a été contrainte de fermer deux studios de production au Japon et aux États-Unis la semaine dernière, et a dû licencier près de 300 personnes dans ses bureaux parisiens.
Selon l’agence de presse britannique, le créateur des licences Assassin’s Creed et Far Cry espère conserver le contrôle du bateau, valorisé à 1,7 milliards d’euros. Mais le Chinois Tencent, déjà détenteur de 10% du capital d’Ubisoft et de 49% de la holding de contrôle Guillemot Brothers, entend bien obtenir des contreparties, notamment davantage de poids dans les prises de décisions, en partie en ce qui concerne le reversement des dividendes – qu’Ubisoft n’a jamais distribué. Si la vente aboutissait, le seul studio français en capacité...