Rapport Draghi : le saut fédéraliste caché ?
CONTRIBUTION / OPINION. Le rapport rendu à la Commission européenne, par l’ex-président de la BCE, Mario Draghi, n'est pas simplement question de l’avenir de la compétitivité de l’UE. Il ressemble davantage à un cheval de Troie pour un nouveau saut fédéraliste.
Le scénario ne peut que ravir la presse europhile. Après avoir sauvé l’euro, « whatever it takes », voilà que « Super Mario » revient sauver l’Europe face à la guerre économique menée par les États-Unis et la Chine. Ce lundi 9 septembre, l’ex-président de la Banque centrale européenne (BCE) a rendu son rapport sur l’avenir de la compétitivité de l’Union européenne (UE), commandé par la Commission européenne il y a un an. Un « cri d’alarme » (Le Monde) ; un « diagnostic clair et des solutions ambitieuses » (Le Point) ; un « remède de cheval » (France info) ; une « ode salutaire à la croissance » (L’Opinion)... La presse est euphorique, de concert avec le Medef, qui salue le « choix de la croissance » et appelle à la « mise en œuvre rapide » des propositions du rapport Draghi.
On commence à connaître la musique : profiter de l’urgence supposée d’une crise pour mettre le pied dans la porte et avancer ses pions est un exercice apprécié des européistes. Et Mario Draghi ne mâche pas ses mots. L’UE est aujourd’hui confrontée à « un défi existentiel » qui la condamne à « une lente agonie » si elle ne se réforme pas rapidement. Quelques jours avant la présentation, le 4 septembre, Draghi confiait même aux présidents des groupes politiques du Parlement européen, que l’avenir de l’UE lui faisait faire des « cauchemars ».
Il faut dire que le décrochage économique de l’Europe face aux deux grands pôles asiatique et américain est bien réel. L'écart de PIB entre l'UE et les États-Unis est passé de 15 % en 2002 à 30 % en 2023. Un écart que l’ancien patron de la BCE attribue à 70% au différentiel de productivité. L’Europe cumule aussi un grand retard dans l’innovation et les nouvelles technologies, ainsi qu’un profond problème démographique : « Pensez au fait que la population diminue, et...