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Et si l’UE avait prévu d’intégrer l’Ukraine bien avant la guerre ?

ARTICLE. Dans son numéro du mois d’octobre, Le Monde Diplomatique publie une enquête, signée de la main du sociologue et journaliste Pierre Rimbert, sur les détails d’un accord passé de longue date entre l’UE et l’Ukraine. Et si l’intégration de l’Ukraine dans l’espace juridique et économique européen avait été prévue bien avant l’invasion russe ?

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Vous connaissiez sans doute l’« offshoring », le nom anglais pour « délocalisation ». Vous allez adorer le « friendshoring », une nouveauté à l’échelle de l’histoire du commerce mondial. Il s’agit toujours de délocaliser, bien sûr, mais « chez les amis », ceux qui sont dans le bon camp, c’est-à-dire pas dans le camp russe. Pierre Rimbert nous révèle ce mois-ci dans Le Monde diplomatique que l’entreprise de désarrimage de l’Ukraine à la Russie n’a pas attendu le 24 février, date du début du conflit militaire.

Une telle pratique s’insère dans une vision géo-économique. La mondialisation intégrait jusqu’ici tous les grands blocs géopolitiques (la Chine étant rentrée dans l’OMC au début des années 2000), en ne prenant en compte que les seuls critères économiques (au moins-disant social). Or, la guerre en Ukraine démontre que tous les pays ne sont pas dignes de « confiance ». Il s’agit donc de reconstruire des chaînes d’approvisionnement mondiales en dehors des grands méchants loups internationaux…

Dans cette optique, Pierre Rimbert montre qu’un accord d’association est en préparation depuis déjà plusieurs années entre l’Ukraine et l’Union européenne. Accord qui a non seulement pour but une intégration économique de l’Ukraine - les eurocrates n’étant jamais avares de nouveaux marchés pourvus d’une main-d’œuvre à pas cher -, mais également une association politique. Le tout aboutissant à un ancrage de l’Ukraine à l’ouest, et donc une éventuelle intégration dans l’OTAN, ce qui est un casus belli pour la Russie et ce dont l’UE avait manifestement conscience avant le déclenchement du conflit.

Les détails de l’accord

Cet accord s’inscrit dans le cadre d’un partenariat oriental, impulsé par la Pologne, dans le but de contrer l’influence russe dans certains pays de l’ex-bloc soviétique, parmi lesquels l’Arménie, l’Azerbaïdjan, la Géorgie, la Biélorussie, la Moldavie et l’Ukraine. Pour comprendre la généalogique de cette orientation stratégique, il faut revenir dans le passé....

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