L’UE sèchement recadrée par la Géorgie après un sermon démocratique
ARTICLE. Les députés européens ont voté une résolution demandant au pouvoir géorgien de réorganiser la dernière élection législative, qu’ils estiment frappée d’irrégularité. En réponse, le gouvernement géorgien a dénoncé un « chantage » et a suspendu les négociations.
L’Union européenne n’a pas encore intégré la Géorgie qu’elle met déjà son nez dans ses affaires nationales. Ce jeudi, les parlementaires européens ont adopté, à une large majorité (444 « pour » et 72 « contre »), une résolution déclarant invalides les résultats des élections législatives géorgiennes. Dénuée de valeur contraignante, la motion européenne estime tout de même que le scrutin « ne constitue pas une représentation fiable de la volonté du peuple géorgien ». Le Parlement reproche au processus électoral géorgien de n’avoir été « ni libre ni équitable », et entaché par des « irrégularités importantes ».
Mais les députés européens ne s’en tiennent pas à une simple déclaration. Le Parlement s’est également autorisé à suggérer à la Géorgie d’organiser une nouvelle élection dans un délai d’un an. Mais sous une étroite supervision internationale, cette fois-ci ! Mieux encore, la résolution a également appelé la Commission européenne et les autres institutions à ne nouer aucun lien avec le gouvernement au pouvoir, et à infliger des sanctions à l'encontre de hauts responsables politiques « responsables du recul démocratique ».
Retour de flamme
Juridiquement, cette résolution est un pétard mouillé. Mais politiquement, elle a fait l’effet d’une bombe. En réaction, le parti Rêve, reconduit au pouvoir lors des législatives du mois d’octobre, a annoncé le même jour reporter à fin 2028 les négociations sur la demande d’adhésion de la Géorgie à l’UE. « Nous avons décidé de ne pas mettre à l’ordre du jour la question de l’adhésion à l’UE avant la fin de l’année 2028 », a déclaré le Premier ministre géorgien, Irakli Kobakhidzé, tout en précisant rejeter « toute subvention budgétaire de l’UE » d’ici là. Suspecté par l’eurocratie d’être un russophile patenté, Kobakhidze reste pourtant attaché à l’objectif géorgien d‘intégrer l’UE. « D’ici à 2028, la Géorgie sera mieux préparée que tout autre pays candidat à ouvrir des négociations d’adhésion...