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Nikola Mirkovic : "D’organisation de défense, l'OTAN est devenue une organisation d’attaque"

ENTRETIEN. L'Ukraine inquiète. Les tensions géopolitiques se multiplient entre d'un côté, les États-Unis et les États membres de l'OTAN, et de l'autre la Russie. Au point que le pire soit à envisager ? Nous avons interrogé Nikola Mirkovic, auteur de L'Amérique Empire (éd. Temporis) et président de l'association Ouest-Est (qui mène des actions humanitaires au Donbass depuis 2014).

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Front Populaire : Les États-Unis et l’OTAN semblent vouloir éviter à tout prix une plus grande influence de la Russie en Europe de l’Est. Trente ans après la chute de l’URSS, comment expliquer cette peur panique ?

Nikola Mirkovic : Les Anglo-Saxons ont toujours perçu la Russie comme un concurrent sur le continent européen, cela n’est pas nouveau. Le géographe britannique Halford John Mackinder, au début du XXe siècle, et le professeur de relations internationales américain Nicholas Spykman, un peu plus tard, ont identifié que la Russie était le pont névralgique du continent eurasiatique entre l’Europe et l’Asie. Elle a une position stratégique sur notre contient qui, si ce dernier était mieux intégré, ferait des USA une île bien loin du plus grand centre démographique et économique du monde. C’est la grande crainte de Washington et la raison pour laquelle les Américains se battent pour que le contient eurasiatique ne se construise pas autour d’une Russie forte.

Un des hommes les plus influents de la pensée impériale américaine, Zbigniew Brzezinski, avait bien souligné que « l’Eurasie reste l’échiquier sur lequel se déroule la lutte pour la primauté mondiale. » Les USA paniquent aujourd’hui car deux des plus grandes puissances eurasiatiques, la Russie et la Chine, lui résistent, se rapprochent et pourraient bien détruire le rêve du monde unipolaire orchestré par Washington.

FP : Moscou d’un côté, Washington et ses alliés de l’autre : quels sont les objectifs stratégiques de chaque camp ?

NM : En 1990, avant même l’éclatement de l’URSS, le secrétaire d’État américain James Baker a promis aux Russes que l’OTAN n’avancerait pas « un pouce vers l’est » en échange de la réunification de l’Allemagne. Le Kremlin a accepté mais n’a pas obligé les US à transformer cette promesse en traité. Ce fut une erreur. Aujourd’hui, les bases de l’OTAN et les exercices de...

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