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Olivier Delorme : « L’Allemagne est l’allié du régime islamo-impérialiste d’Erdogan »

ENTRETIEN. Historien et romancier, Olivier Delorme est notamment l’auteur de La Grèce et les Balkans (3 tomes Gallimard, 2013) et de 30 bonnes raisons pour sortir de l'Europe (H&O, 2017). Il fait le point avec nous sur la politique européenne d’Erdogan et sur le jeu trouble de l’Allemagne de Merkel.

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Front Populaire : Fin octobre, le gouvernement grec a adressé une lettre à Berlin pour demander l’arrêt des exportations militaires vers la Turquie en raison des menaces d’Erdogan. Or nous avons appris il y a quelques jours que Berlin semble continuer à livrer Ankara en sous-marins (214T). Les Verts allemands s’en offusquent d’ailleurs. L’Allemagne serait prête à mettre en danger la Grèce pour sauvegarder ses intérêts ?

Olivier Delorme : Sans aucun doute ! Depuis dix ans, l’UE à direction allemande a imposé une déflation sans fin dont la principale conséquence est d’alourdir le poids de la dette par rapport au PIB, qui a été le prétexte de cette politique. En dépit des déclarations mensongères répercutées par les médias, la Grèce ne va pas mieux. Son économie n’a cessé de s’affaiblir, 500 000 Grecs parmi les plus jeunes et les mieux formés ont dû partir en exil, le budget de la Défense a subi des coupes désastreuses comme tous les autres, les biens communs du peuple grec ont été mis à l‘encan – les entreprises allemandes se taillant la part du lion dans cette grande braderie. Tandis que l’UE arrosait avec l’argent des contribuables européens le régime islamo-impérialiste d’Ankara qui déversait un flot de migrants – pas de réfugiés – sur les îles grecques et la frontière terrestre. Àfonds perdus et sans jamais exiger de contrepartie sur la cessation des provocations à l’égard de la Grèce et de Chypre.

Quant à la réponse de Berlin à la lettre du ministre des Affaires étrangères grec, elle est un monument de cynisme puisqu’elle mentionne que l’Allemagne vend très peu d’armes à la Turquie, que ces ventes sont soumises à autorisation gouvernementale et qu’il n’y a donc aucune raison de modifier quoi que ce soit. Or si les sous-marins grecs disposent aujourd’hui d’une supériorité technologique...

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