opinionsNord Stream 2

Pourquoi saboter les gazoducs en mer Baltique ?

OPINION. Nous ne sommes probablement pas prêts de connaître le responsable du sabotage des gazoducs Nord Stream. En l’absence d’éléments probants, il est néanmoins permis de se pencher sur les intérêts des différentes parties au conflit.

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Les 26 et 27 septembre 2022, des vibrations sismiques sont enregistrées par la Suède et par la Norvège dans la zone économique exclusive (ZÉE) danoise au sud-est de l’île de Bornholm. Peu après des bouillonnements sur des surfaces allant de 200 mètres à 1 kilomètre de diamètre sont observés en surface. Les experts des instituts sismiques attribuent les vibrations à des explosions, leur corrélation avec les bouillonnements de surfaces ne laissant pas de doute : les conduites des gazoducs Nord Stream 1 (NS1) et Nord Stream 2 (NS2) ont explosé. Ces accidents interviennent sur des gazoducs qui ne sont pas utilisés au moment des explosions, même si une quantité de gaz résiduelle y était maintenue. Pour NS 1, les Russes ont coupé les approvisionnements depuis le début septembre, après une réduction de 40 % en juin et de 20 % en juillet. Ces coupures avaient d’ailleurs soulevé la colère des Européens qui voulaient remplir leurs réserves avant l’hiver. Depuis, les dirigeants européens se démènent pour avoir des fournisseurs en suppléance et plafonner les prix afin de sauver son industrie et d’assurer le confort et donc le soutien électoral de sa population. NS 2, quant à lui, est terminé, mis sous pression, mais n’a jamais été utilisé pour livrer du gaz. Ces explosions interviennent le lendemain de l’inauguration, le 27 septembre, du gazoduc Baltic Pipe reliant la Norvège à la Pologne et passant par une zone proche de Bornholm. Le nombre d’explosions (cinq au 1er octobre 2022) pousse à exclure tout accident et oriente les réflexions vers des sabotages en série. Des enquêtes sont ouvertes par le Danemark et la Suède, aidés par les pays occidentaux, mais il leur faudra pouvoir accéder aux sites pour recueillir les indices, du moins ceux qui n’auront pas été dispersés par les explosions et les courants....