Nord Stream 2 : la morale et les droits de l’Homme en géopolitique
OPINION. La mise en service du gazoduc qui devait relier la Russie à l'Allemagne a été suspendue peu avant la guerre en Ukraine. Une affaire de rapports de forces qui font passer la question des droits de l’homme au second plan.
À l’heure où, une nouvelle fois dans son histoire à la fois si rayonnante et tellement tragique, l’Europe est la proie de la guerre, des débats passionnés opposent les partisans d’une diabolisation de la Russie à ceux qui, parfois non sans raison, cherchent à rendre compte de la situation en évitant les charmes délétères du manichéisme.
D’aucuns contestent la légitimité historique de la nation ukrainienne. D’autres, réécrivant l’histoire, en font une réalité et voient dans le combat mené par le peuple ukrainien la lutte des droits de l’Homme contre la dictature et la démonstration du fait qu’il convient de boycotter économiquement la Russie au nom du bien et de la morale.
La guerre en Ukraine : une occasion de repenser les relations commerciales sur une base éthique ?
Comme l’expliquait voilà près de deux siècles Giuseppe Mazzini, le père du Risorgimento, au-delà de l’histoire, ce qui fait un peuple, c’est la volonté d’être libre et de vouloir disposer de lui-même. Au regard de cette définition, force est de constater qu’indépendamment de sa légitimité historique et de sa diversité culturelle, le peuple ukrainien existe bel et bien, et qu’il est prêt à mourir pour sa liberté. Indépendamment des combats qui déchirent le Donbass depuis 2014, la réalité de l’invasion russe en Ukraine est également difficilement contestable. Reconnaître l’existence d’un peuple ukrainien qui se bat et la réalité de l’agression décidée par le maître du Kremlin ne saurait cependant nous dispenser de nous interroger sur le contexte géopolitique qui a conduit à ce nouvel embrasement de notre continent.
Parmi les discours ayant cours dans la sphère médiatique et politique européenne à l’égard de la Russie poutinienne, un des plus couramment répandus affirme le caractère immoral, voire même criminel, des relations économiques entretenues avec des dictatures. Les vrais responsables de la situation actuelle seraient donc...