Je suis Français et j’ai été expatrié en Ukraine plusieurs années. Marié avec une Ukrainienne de Kiev rencontrée lors de mon expatriation, j’y ai vécu trois ans, de 1996 à 1999, et j’y retourne plusieurs fois par an depuis 23 ans pour le travail et pour des visites personnelles. Par ailleurs, je voyage également beaucoup dans toute l’ex-URSS où j’ai aussi vécu, d’Est en Ouest et du Nord au Sud que je connais comme ma poche. J’y ai un réseau important de contacts professionnels et personnels qui me permettent d’avoir une vision globale que je souhaiterait partager avec vous aujourd’hui. Il ne s’agit pas d’un procès de l’Ukraine ou de la Russie et de leurs dirigeants mais d’une analyse en perspective de l’histoire des trente dernières années des deux pays, de ce que j’ai pu constater de mes propres yeux sur le terrain.

Retour en arrière

Revenons en arrière. Lors de la création de la CEI en 1991 (traité de Minsk – accords de Belovej) après la chute de l’URSS, la Russie a sombré dans l’anarchie oligarchique des servants de Eltsine, managée par Boris Berezovsky à la tête d’un conseil restreint d’ultra nouveaux enrichis qui se sont arrangés pour maintenir Eltsine au pouvoir jusqu’en 2000 et se servir allégrement dans les capitaux et réserves de la Russie. L’Ukraine, elle, avait tout pour devenir un grand pays. Une situation exceptionnelle avec une ouverture sur l’Europe à l’Ouest, sur la Russie à l’Est, sur la Turquie via la mer Noire. Ses grands ports dans le sud étaient parmi les premiers ports céréaliers au monde. Des terres parmi les plus riches (tchernoziom), des matières premières, une intelligentsia, des ingénieurs, bref, un cocktail explosif pour réussir.

Mais au lieu de réunir ses atouts et de les cultiver afin de grandir, les gouvernements...