Abstention aux régionales : à force de nous prendre pour des cons…
OPINION. Après l’abstention record du premier tour des élections régionales ce dimanche, nombre de commentateurs ont fustigé le « manque de civisme » des Français, sans jamais remettre en question les turpitudes et les trahisons du monde politique.
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Dimanche 20 juin, je suis sur l’Aubrac et je n’ai pas envie d’avancer mon départ pour les Pyrénées-Orientales de quelques heures. Pour la première fois, autrement dit depuis presque 40 ans, je me dis que je n’irai pas voter, car les politiques ne méritent plus ma voix. Ils ne méritent plus que je parcoure 400 kilomètres pour leur permettre d’accéder aux responsabilités, d’asseoir leurs pouvoirs, de percevoir leurs indemnités. Et pourtant, ce jour-là, nous serons finalement au rendez-vous vers 17 h 30 avec mon épouse et nos deux enfants, dont l’un vote pour la première fois, dans cette petite commune du Conflent où seulement 53 électeurs sur 112 sont venus glisser une enveloppe dans l’urne. Un record si l’on considère le taux de participation au niveau national.
Alors, pourquoi nous sommes-nous déplacés ? Peut-être parce que nous croyons encore en cet acte démocratique qui nous donne l’occasion de nous exprimer. Même si, du moins en ce qui me concerne, ce fut sans réel enthousiasme. Une lassitude qui devait se confirmer dans les heures suivantes avec, toutes obédiences confondues, le plus que pathétique défilé télévisé des ténors politiques. Et cette mauvaise foi qui les caractérise, cette suffisance, ce mépris vis-à-vis d’un peuple qui vient en bloc de leur retirer sa confiance.
Mais qui sont ces gens ? Oui, qui sont ces gens, perdants ou pitoyables présumés vainqueurs, qui osent encore imputer la cause de leur échec à ceux qui ne croient plus en leurs promesses, en leurs mensonges, en leurs décisions ? Qui sont ces gens qui, une fois de plus, après avoir pourri leurs adversaires vont en moins de trois jours les solliciter pour qu’ils deviennent leurs partenaires ? Qui sont ces gens qui, pour gagner — car c’est bien de cela qu’il s’agit —, vont imaginer des combinaisons, décréter des coalitions, sceller de...