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Après la démocratie, le temps des micro-tyrannies

CONTRIBUTION / OPINION. De nouvelles formes de sociétés apparaissent peu à peu, dessinant un paysage post-démocratique constitué de micro-tyrannies à géométrie variable auxquelles l’individu désaffilié tente désespérément de se soumettre, faute d’autorité légitime

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La remise en cause de l’autorité doit être considérée comme la conséquence logique de l’égalité née des Lumières. Elle a mis un moment avant de se réaliser pleinement, les antiques formes de types hiérarchiques – administrations, académies, familles, partis et syndicats… –  continuant de structurer les sociétés occidentales. Ainsi ont-elles poursuivi leur route comme un navire mourant sur son erre, jusqu’à la crise postmoderne dont on retiendra mai 68 comme jalon français, environ deux siècles durant.

La trajectoire conduit à l'apothéose de l’individu-roi – pas tant citoyen que consommateur, il note plus qu’il ne vote – qui évalue en permanence  les prestations proposées. Les systèmes d’évaluation  des sites internet ne font que  renforcer le processus qui a permis leur existence, classique boucle de rétroaction. Il est d’ailleurs plaisant de constater que la notation devient généralisée au moment même  où on commence à l’abolir à l’école, ce qui n’est pas sans lien : cette dernière étant dissymétrique, elle est récusée par l’époque.

Egalité entre hommes d’abord, puis entre hommes et femmes, ensuite entre savants et ignorants, et enfin entre adultes et enfants. Ce processus de liquidation des hiérarchies héritées des structures classiques n’aboutit pas tant à un horizon de libération qu’à un retour à l’âge tribal et à l’inversion  de la pyramide: tout repose sur le chef. Soit dit en passant, s’il disparaît, tout s’écroule à l’image de la débandade perse lorsque Darius fuit à Issos.

L’auctoritas des Romains était fondée sur le fait d’augmenter, comme le signale l'étymologie (augere). La succession des générations se déposait en strates : la transmission était une accumulation. Le mos majorum était parfois amélioré, le plus souvent répété. Les structures de la civilisation lui permettaient de persévérer dans son être. Avec la modernité, l’identité a fini par céder peu à peu dialectiquement à la différence. Sous le régime...

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