"Bio" ou pas, respectons nos agriculteurs.
Un texte dans le sillon du débat lancé il y a quelques temps dans nos colonnes sur la relation entre agriculture et écologie. Au plus près du terrain.
Il fut un temps où chaque Français avait un lien avec la terre. Chacun connaissait très directement un cultivateur un éleveur, un viticulteur parce qu’ils étaient ses parents, grands-parents, oncles où bien encore amis. Cette époque est révolue, la perception du monde paysan s’est envolée avec.
Que reste t-il? Un séjour au Salon de l’agriculture, une photo de paysage sur la route des vacances, un reportage télévisuel sur le gentil bio et le méchant traditionnel et, Saint Graal, la plantation du pied de tomate sur le balcon ou la terrasse de son immeuble. J’exagère à peine.
Une vidéo de présentation de ma commune montre un vigneron en cours de traitement. Qu’il soit “Bio” ou pas: Tollé! Non, pas de ça chez nous! Quelle image allons-nous donner? “Couvrez ce sein que je ne saurais voir...” L’image du paysan réel doit disparaître au profit de l’esthétique normalisée.
Les friches gagnent. L’agriculture française en général se meurt, doucement, sans bruit, au fil des réglementations européennes, des accords internationaux, des extensions urbaines, des disparitions d’exploitations faute de repreneurs... et des suicides.
Et, tout le monde s’en fout, parce que demain, dans le supermarché, nous trouverons encore de la farine, du steack et du vin. Oui, mais d’où tombera cette manne?
Retrouvons notre indépendance alimentaire, redonnons à nos paysans le fierté de nous nourrir et d’en vivre dignement. Pour chacun d’entre nous cela passera, sans doute, par l’acceptation de payer le juste prix. Y sommes-nous résolus? Mettre un peu plus d’argent dans l’agriculture française plutôt que dans le dernier modèle de smartphone chinois, voilà un choix de société, ou à défaut, une piste de réflexion.
Au nom d’une idéologie qui m’échappe, comme nous déboulonnons nos statues, nous déracinons nos paysans. Cela n’a rien à voir sans doute, mais comment m’ôter de l’esprit que ces modes...