Call Centers

« Call center » : les « Temps modernes » des seniors

Flicage permanent, violence des insultes à l’autre bout du fil, précarité absolue, robotisation de la parole, répétition démente de la tâche, travailler aujourd’hui dans un « call center » (Centre d’appels) fait passer Charlot pour un petit joueur dans ses “Temps modernes”. Les seniors précaires en savent malheureusement quelque chose.

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Etudiante, dans les années 80, j'avais goûté aux « joies » de ce qu'on appelait déjà les « call centers » ( centre d’appels ). A l'époque, il s'agissait d'énormes structures. Teleperformance, Teleressources, Actiphone étaient les leaders de ce marché florissant.

Dans ces années « Mitterrand », un call center pouvait accueillir jusqu'à 150 téléopérateurs. Tous pratiquaient la politique de la « terre brûlée ». L'équipement était des plus basiques : assis sur une mauvaise chaise, nous disposions d'un annuaire d'un téléphone et d'un stylo.

L'informatique étant à l'état embryonnaire, les fichiers n'existaient pas, donc pas de cibles, nous devions appeler la France entière. Chaque numéro, chaque nom présent dans l'annuaire a donc reçu au moins un appel pour se voir proposer un abonnement à l'Express lui donnant droit à une magnifique cafetière électrique, un canapé Cuir Center à un prix préférentiel, une invitation aux portes ouvertes Renault lui permettant de retirer son cadeau surprise.....

En 10 ans, tous les Français possédant un téléphone ont été appelés.

Le pays était exaspéré par ces appels incessants, on nous insultait avant de nous raccrocher au nez violemment, il n'y avait plus personne à appeler. C'est ça la « terre brûlée ».

Ces entreprises ont fait beaucoup de fric, ces millions d’appels ont permis de créer des fichiers qui quelques années plus tard ont été informatisés.

A l’époque, 100% des téléopérateurs étaient des jeunes de moins de 25 ans, 70% d’entre eux étaient étudiants, ça permettait de payer le loyer ou les études....ça n’était qu’un moyen....pas une fin !

Mais ça c’était avant, il y a 40 ans, ça n’existe plus me direz vous ! Et bien si, et c’est pire ! Plus vicieux, plus inhumain et surtout plus caché !

Vous connaissez et détestez tous ces appels, masqués le plus souvent, à n’importe quelle heure, même le samedi. Si vous décrochez, ce sera Sophie Martin ou Julien...