11 Novembre

Commémoration de l’armistice du 11 novembre 1918 : une mémoire en fuite

OPINION. Comme chaque année, la France commémore le 11 novembre l'armistice de 1918. Mais l'école est-elle encore suffisamment en mesure d'exercer son devoir de transmission mémorielle ? 

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La France commémore ce vendredi l'armistice du 11 novembre 1918 qui mit fin à la guerre meurtrière de 14-18 contre l’Allemagne. Ce fut une boucherie qui traumatisa (1,5 million de morts en France, 10 millions de morts en tout), la France et l’Europe, guerre moderne qui annonçait les catastrophes mortifères du XXe siècle.

Notre dernier poilu est mort en 2008. Depuis, nous n’avons plus de témoin direct de cet enfer que fut la Première Guerre mondiale. Nous avons les ouvrages et l’école pour raviver notre mémoire collective, mais le XXIe siècle, siècle de l’image virtuelle et de la mort progressive de la lecture, pose question quant à cette mémoire de nos ancêtres sacrifiés au champ d’honneur et de notre histoire nationale. Va-t-elle complètement disparaître avec le temps ?

Je suis d’une génération où l’histoire avait un écho dans la lignée familiale, un arrière-grand-père maternel gazé, mais qui survivra malgré tout, une école qui se faisait encore l’écho de ce massacre écrit en lettres d’or sur tous les monuments des villages de France. Enfant, j’allais commémorer avec mes parents l’armistice devant le monument aux morts placé au bout de mon école ; il y avait là d’anciens combattants bardés de décorations, brandissant fièrement des drapeaux. Je me souviens pendant cette journée (souvent grise) de la minute de silence et du recueillement devant tous ces noms de jeunes gens, parfois d’une même famille, morts au combat. Quelque chose d’indéfinissable traversait l’esprit et le cœur de chacun, une espèce de communion fraternelle qui réunissait jeunes et plus âgés. C’est peut-être cela qu’on appelle une nation, l’union des cœurs et des esprits qui aiment la France.

Il y avait cette fierté de l’Histoire malgré la tragédie, cet idéal de défendre la France, que j’ai ressenti quand je faisais mon service militaire long sur un navire...