InstitutionsCitoyenneté

Conventions citoyennes : intérêts et limites

OPINION. La convention citoyenne permet de faire ressurgir une certaine intelligence collective. Un avantage face à l’expertocratie déconnectée qui a aussi ses inconvénients.

/2022/12/Conventioncitoyenne


J’ai inventé avec Suzanne Rosenberg, il y a 30 ans, les premières « conventions citoyennes » issues de la thérapie sociale première mouture qu’on avait alors baptisées d’un autre nom. D’autres ont repris cette idée d’écoute mutuelle de citoyens pour créer de l’intelligence collective. Il y manque, entre autres, l’acceptation et le traitement des conflits quand on réunit des personnes et des groupes que tout oppose parfois violemment sur des thèmes très sensibles.

Le déni de réalité, le mensonge et la déstructuration du commun sont les armes principales du totalitarisme avec l’instauration d’un régime de peur évidemment. La recherche inlassable de la réalité est le remède. Je ne dis pas de la vérité, puisque comme l’affirme Pirandello : « À chacun sa vérité. » À chacun le regard qu’il pose sur une réalité qui existe par elle-même, quoi qu’en disent les partisans de la déstructuration. Je leur concède que cette réalité embrumée par les préjugés est difficile à connaître sans les informations de toutes les personnes qui connaissent au moins un bout de cette réalité. Aussi est-il préférable de parler de ce qu’on connaît plutôt que de professer les vérités énoncées par diverses propagandes au service d’intérêts le plus souvent occultes.

Aujourd’hui c’est autour des questions climatiques, sanitaires, sécuritaires, sexuelles que je joue cette partie décisive pour la vie démocratique. L’immigration, l’islam, la laïcité, le rôle de la police et de la justice, la guerre en Ukraine font aussi partie des sujets qui monopolisent l’attention, mais aussi en la dispersant, permettent l’irruption de ce qu’on a appelé la post-vérité, la vérité d’une époque qui répand le mensonge à grands coups d’affirmations péremptoires dans les médias et les déclarations des politiciens.

La crise de confiance généralisée qui en résulte peut être salutaire si elle permet au citoyen de réagir avec un scepticisme de bon aloi, capable...

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