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Dominique Bernard : hommage au disciple de Julien Gracq

CONTRIBUTION / OPINION. À 57 ans, Dominique Bernard a été assassiné par un terroriste islamiste, vendredi dernier à Arras, dans le lycée Gambetta-Carnot où il enseignait. Bertrand Duguet, professeur de Lettres, rend hommage au disciple de Julien Gracq.

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Co-fondateur de l’Université Populaire d’Arras, désormais fermée, Dominique Bernard était considéré par tous comme un homme doux et érudit. Il était aussi un spécialiste de Julien Gracq, le romancier des époques troublées.


Éloge de nos vieux maîtres


Tout faisait de lui un citoyen français. De son métier d’enseignant, collègue des 850 000 autres professeurs, jusqu’à son nom de famille, le second le plus porté dans l’hexagone. Mais surtout cette passion pour la littérature, cet art dans lequel est enracinée notre culture. Décrit par tous comme un homme doux et érudit, cet agrégé de Lettres modernes avait pour auteur de prédilection Julien Gracq. Est-ce un hasard ? Julien Gracq, l’agrégé d’Histoire-Géographie, était un amoureux de l’école à laquelle il devait tant, cette école de la IIIème République qui a structuré la France moderne. Gracq ne pouvait que parler à ce professeur soucieux de transmission qui avait cofondé dans les années 2000 une « Université Populaire » à Arras, ouverte à tous. À cet homme qui a dédié sa vie à la transmission de la culture, dans des conditions difficiles. Mais plus encore, Gracq est le romancier des zones d’ombres, et des entre-deux. Des temps où paix et guerre s’entremêlent. Des temps où l’histoire redevient tragique.


Notre époque est gracquienne


L’œuvre de Gracq est en effet marquée par la guerre. L’écrivain a vécu la Seconde Guerre mondiale, et été mobilisé durant « la drôle de guerre », cette guerre qui n’en était pas une. Cette expérience a servi de fondement à l’un de ses plus beaux romans, Un Balcon en Forêt, qui décrit l’attente d’un régiment dans les Ardennes. Les soldats sont envoyés dans une « maison-forte » située juste sur la route qu’emprunteront les chars d’Hitler pour sa blitzkrieg contre la France. Le lecteur, qui connaît l’Histoire, sait que l’affrontement est inévitable. Les héros, eux, qui vivent l’Histoire,...

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