opinionspolitique

Exposition des enfants à la pornographie : pourquoi l’ARCOM n’y pourra rien

CONTRIBUTION / OPINION. Ces derniers mois ont affleuré des dicours politiques martiaux sur l'accès de la pornographie et sur une volonté de le reguler par des moyens légaux. Peine perdue, selon notre contributeur.

/2023/08/pornogrpahie-pornhub


Une loi de 2020 impose désormais aux diffuseurs de films pornographiques sur Internet de s’assurer un peu mieux qu’ils ne s’adressent pas à des mineurs. L’autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (ARCOM) a entamé une action civile en justice pour demander aux fournisseurs d’accès à Internet (FAI) le blocage des cinq principaux sites qui ne se conforment pas aux prescriptions de cette nouvelle loi pénale, mais elle a été déboutée devant le tribunal de Paris pour une question de délai de procédure le 24 mai dernier.

En fait, l’omniprésence de la pornographie sur Internet et sa banalisation dans la société, y compris auprès des mineurs, sont un aboutissement parti des États-Unis. L’état du délabrement moral de la société américaine dû à cette omniprésence, encore plus marquée qu’en France, est très bien décrit dans un livre du journaliste et universitaire américain Chris Hedges, L’empire de l’illusion (Lux éditeurs 2012). Il relate les horreurs et les dégâts causés par la pornographie aux USA qui sont effrayants. Ces productions, où neuf actrices sur dix se prostituent, sont dans une véritable fuite en avant dans l’étalage complaisant et l’apologie de la soumission, de l’humiliation, des violences les plus sordides infligées aux femmes dans ces films. L’industrie pornographique peut commercialiser de tels films aux USA au nom du droit constitutionnel à la liberté d’expression. Chris Hedges écrit qu’aux USA « le langage, la brutalité et la faillite morale de la pornographie façonnent désormais la culture populaire » (op. cit. page 117).

Les pornographes se sont senti pousser des ailes à la fin des années 60, avec la libération sexuelle. La production de films pornographiques était alors essentiellement une activité annexe de proxénète, mais elle allait connaître un développement et une respectabilité inattendus.

Dans son livre Mafias, l’industrie de la peur (éditions du Rocher 2008)...