Ils sont venus, ils sont tous là, les revenants de panama, du canal de Suez, du « Congo-Océan », du périphérique, canardeurs Sénégalais, tunneliers. Toujours aussi infortunés, ils ont fait contre mauvaise fortune, bon cœur. Le compte n’était pas bon, mais ils ne sont pas rancuniers… Leurs terres étaient si rares qu’elles ont été vendues ou louées avec l’uranium qui était dessous, mais à quoi bon ! Dans leur village, il n’y a pas l’électricité et leur coton, c’est nous qui le portons.

Étrangers de partout, étrangers de nulle part, sur la route de grand Soleil, ils quittent un à un la sécheresse où ils sont nés. La faim, toujours la faim et puis tout ce désordre ! « Du monde libre et de ses secrets, ils en rêvaient. » Sans aucun remords, ils prennent la route qui mène à leur rêve d’enfants « emmenez-moi au pays des merveilles », ils laissent là sur la grève « leur passé, à d’éternels étés où ils vivaient presque nus sur la plage ».

Alors, « sans bagages sur des rafiots craquants, de la coque au pont, ils virent de bord, ils se pendent au cou… de leurs rêves », ils ont confiance. « Ils viennent du bout du monde au reflet de ciel bleu, de mirage, pour le ciel du nord où rien n’est important que de vivre ».

Le moteur tousse, un SOS à la méditerranée, sans air, un bateau ne flotte pas ; de la misère, chacun doit prendre sa part, la mer aussi. Mais c’est sans compter sur le saint Bernard des mers, un chalutier ne devrait pas être long à passer.

Ils ne sont plus que quelques aventuriers à arpenter la mer et à vouloir faire naviguer leurs jolis bateaux. Ils ne chassent que les espèces « pélagiques », les poissons de surface. Ils travaillent au sonar et au radio satellite, cette pêche-là est...