Créer et innover sont-ils synonymes ?

Créer, c’est fonder un concept ou un objet ex nihilo. Avant Einstein, pas de théorie de la Relativité, avant Franklin pas de paratonnerre. Créer provoque donc un véritable schisme technique ou culturel. En revanche, innover c’est renouveler ou transformer un existant. Dit autrement, création et innovation ont en commun une rupture, mais l’une est totale, l’autre est partielle. Ne pas les confondre avec la découverte, qui signifie révéler un existant déjà présent dans la nature, mais ignoré jusque-là : Koch a découvert le bacille de la tuberculose trouvé 23 siècles plus tard dans les momies égyptiennes. Si le découvreur n’est pas un inventeur, leurs tâtonnements, mille fois répétés en état d’éveil, utilisent les mêmes connaissances du moment qu’ils triturent dans tous les sens. Les uns et les autres se réveillent parfois un beau matin avec la soudaine solution générée à leur insu dans la profondeur cérébrale. C’est ainsi qu’une pomme tombée sur la tête de Newton a été la goutte d’eau qui a fait déborder le contenu de sa boîte crânienne en gestation depuis des années. La chance — avait dit Louis Pasteur — ne sourit qu’aux esprits préparés.

L’expérimentation par la pensée

Le processus d’invention emprunte deux voies principales. D'abord, l’analogie à partir d’un existant que l’investigateur cherche à améliorer ou à transformer sans toutefois vouloir le remplacer totalement. Il s'agit de la démarche la plus simple. La généalogie de la pensée philosophique occidentale est un cordon ininterrompu de pensées qui, de génération en génération, se sont emboîtées les unes après les autres pour aboutir chaque fois à un renouvellement sans toutefois renier ses origines (allusion à l’indigente entreprise woke).

Tout autre est le mécanisme de croisement de deux matrices issues de deux univers qui s’ignoraient jusque-là. Il en sort un produit hybride qui ne...