Pour comprendre l’histoire de la « Grande Russie », il faut se reporter en arrière dans l’histoire. La pauvreté du peuple, son humiliation constante par une caste nobiliaire entourant le monarque, explique la révolution d’Octobre en 1917 : Souvenirs de la maison des morts de Dostoïevski, tsariste convaincu, malgré un passage à la prison Saint Paul de Saint-Pétersbourg, et son séjour au bagne en Sibérie, sera suivi, quelques années plus tard par Août 14, premier ouvrage de Soljenitsyne pour raconter l’histoire du pays. Comment mieux exprimer la misère des soldats tsaristes face aux Prussiens ?

Ainsi donc, tout se transpose d’un empire à l’autre. Le bagne est remplacé par les goulags, les ukases par les exécutions sommaires, et les procès condamnant l’intelligentsia et les classes moyennes à devenir les esclaves modernes du communisme ! La noblesse a été remplacée par une oligarchie qui bénéficie des largesses du pouvoir tant qu’elle est soumise au nouveau Tsar. Staline assassine plus de Russes que les armées du Reich, il déplace des populations entières, et Soljenitsyne remplace Dostoïevski en relatant les crimes du tyran dans : L’archipel du Goulag, puis Le premier Cercle, et enfin, Le Chêne et le veau. Entre les deux, Boris Pasternak racontera la transition des deux systèmes dans Le Docteur Jivago.

De nos jours, pendant la tragédie ukrainienne, Giuliano Da Empoli assure la transition entre le passé et l’avenir, en écrivant : Le mage du Kremlin. Écoutons-le : « Vadim Baranov, metteur en scène et artiste patenté de la télévision russe, va devenir l’éminence grise de Poutine. » Au cœur du pouvoir, il explique l’ascension foudroyante, depuis les bas-fonds de Saint-Pétersbourg, les mafias du KGB, de Vladimir Vladimirovitch jusqu’au sommet de l'État. Utilisant sans compter l’argent du contribuable pour arroser et flatter les oligarques, les criminels et les trafiquants, il manipule tous les courants...